Son mariage homosexuel à Cuba ne compte pas
OTTAWA | Puisque son mariage gai n’est pas légal à Cuba, d’où vient son conjoint, un homme de Terrebonne est incapable de prouver à l’immigration canadienne que son couple est sérieux.
« Je ne vois pas pourquoi nous, parce qu’on est gais, parce qu’on vient de deux pays différents, on ne peut pas être ensemble et vivre une vie normale », se désole Benoit Lapierre, 43 ans, depuis trois ans en relation à distance avec son conjoint Enrique, qui vit à Cuba.
Le coup de foudre est survenu lors d’un voyage dans ce pays, en février 2015. Sept mois plus tard, il a célébré son mariage avec une quarantaine d’amis québécois sur l’île, au soleil.
Une union qui n’est pas reconnue, puisque les lois cubaines ne permettent pas le mariage homosexuel.
Résultat : il n’arrive pas à prouver à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada qu’ils forment un vrai couple.
Dans une lettre toute en anglais datée du 23 mars, on lui refuse sa demande de parrainage puisqu’ils n’auraient pas « sérieusement envisagé de vivre ensemble en tant que conjoints de fait ».
Le ministère confirme que cela était nécessaire pour être considérés comme « partenaires conjugaux ».
IMPOSSIBLE
« C’est impossible ! Le Canada n’autorise pas mon conjoint à venir, et les lois cubaines ne me permettent pas de rester longtemps là-bas ni de rester chez lui », explique M. Lapierre.
Son conjoint serait pourtant un immigrant exemplaire, assure-t-il, puisqu’il a déjà un emploi garanti dans le salon de coiffure de Laval dont il est le propriétaire et qui est justement en pénurie de coiffeurs.
« Quand notre premier ministre dit au monde entier : “venez, on est un pays d’accueil”, je ne suis pas sûr qu’il est sincère », conclut Benoit Lapierre, qui affirme que cet imbroglio administratif nuit à sa santé.
Joint à Cuba par Le Journal, Enrique Rafael a dit croire que les lois « homophobes » de son pays empêchent la reconnaissance de son union. Il implore le Canada de reconnaître son amour.