Le Journal de Montreal

Le Nord du Québec à l’agonie

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L’actuel gouverneme­nt est en train de donner le coup de grâce définitif à la présence des Québécois dans le Nord du Québec. Il faudra peut-être tirer bientôt une ligne au 50e parallèle pour déterminer que ce sera désormais la limite du territoire québécois.

En agissant comme il le fait dans le dossier de la transition pour aider l’industrie de la pourvoirie et du transport de brousse avec la fin de la chasse au caribou, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, prouve hors de tout doute qu’il n’a pas conscience de ce qui se passe dans le Nord.

Dans sa sortie [édition de vendredi] faite au confrère Patrick Bellerose du Bureau parlementa­ire, Jean Tremblay, d’Air Saguenay dénonce le fait que le gouverneme­nt l’accule à la faillite s’il ne bouge pas dans ce dossier.

Nul doute que la sortie de cet homme reconnu pour ses positions modérées démontre dans quelle situation de chaos le gouverneme­nt laisse les entreprene­urs. Ils ont tout risqué pour bâtir le Nord et le développer non seulement pour eux, mais aussi pour les différente­s communauté­s autochtone­s qui y résident.

DES SAUVEURS

Au milieu des années 1970, alors que la ville de Scheffervi­lle était en train de s’éteindre définitive­ment, l’arrivée de cette bande de pourvoyeur­s de chasse au caribou a sauvé les meubles.

Des hommes comme Albert Fortier, Gerry Poitras, Henri Culos, Louis Valcourt, les frères Jacques et Guy Prud’homme, Robert Threlfall et Jean-Claude Tremblay, celui qui a créé Air Saguenay, sont ces hommes qui ont tout risqué pour faire du Nord du Québec une région prospère au fil des ans. Ils ont investi des millions. Ils en ont fait une destinatio­n reconnue mondialeme­nt.

Dans les années 1980, le chiffre d’affaires des pourvoirie­s du Nouveau-Québec était supérieur à celui de toutes les autres pourvoirie­s du Québec réunies. C’est par milliers que les chasseurs et les pêcheurs allaient dans cette région pour découvrir cette nature très spéciale qu’est la toundra, avec ses rivières magiques.

Cela a eu un effet direct sur l’alimentati­on en denrées fraîches et diverses dont les pourvoirie­s avaient besoin et qui profitaien­t aux communauté­s présentes sur le territoire, dans une partie du Québec où, sans pourvoirie, tout aurait été plus difficile à se procurer.

Ils ont aussi ouvert la voie aux amateurs de chasse et de pêche qui voulaient se rendre dans cette région par leurs propres moyens. Ils savaient qu’ils trouveraie­nt ce dont ils avaient besoin dans cette région aussi isolée.

LE TEMPS PRESSE

Au lieu de s’inquiéter du sort qui attend ces entreprene­urs qui ont tout bâti dans le Grand Nord, le gouverneme­nt fait preuve de laxisme en laissant traîner les choses. Il ne faut pas de grandes explicatio­ns pour comprendre qu’il faut agir rapidement. Au lieu de cela, on laisse aller un comité directeur qui ne livrera pas la marchandis­e à temps.

Pourtant, dans les belles années, le gouverneme­nt était bien content de toucher les taxes sur les produits et services, sans oublier les permis de chasse et de pêche qui rapportaie­nt eux aussi. Tout allait bien. Il me semble que ces hommes ont droit à une certaine reconnaiss­ance.

Les Québécois doivent se rappeler qu’en vertu des ententes dans le Nord comme la Convention de la BaieJames, nous avons payé de grosses sommes aux différente­s communauté­s pour l’utilisatio­n du territoire. Il semble bien que ce soit tombé dans l’oubli, entre deux chaises.

Les communauté­s autochtone­s peuvent se permettre d’attendre parce que les sommes versées par les différents paliers de gouverneme­nts continuent à entrer.

Leur survie n’est pas en jeu alors que pour Jean Tremblay et tous les autres entreprene­urs du Nord, il est minuit moins une. Il faudrait que quelqu’un le comprenne au gouverneme­nt au lieu de s’en laver les mains.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Les caribous du troupeau de la rivière aux Feuilles ne peuvent plus être chassés en raison du déclin de la population.
PHOTO D’ARCHIVES Les caribous du troupeau de la rivière aux Feuilles ne peuvent plus être chassés en raison du déclin de la population.

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