1 JEUNE SUR 2 SANS DIPLÔME DANS CERTAINES RÉGIONS
La réussite au secondaire, loin d’être uniforme
QUÉBEC | Malgré l’amélioration observée depuis quelques années, à peine un jeune sur deux obtient un diplôme du secondaire dans certaines municipalités du Québec, révèlent des données inédites auxquelles Le Journal a eu accès.
De manière générale, le taux de diplomation est en hausse au Québec depuis plusieurs années, mais le portrait varie considérablement d’un endroit à l’autre. Ce constat n’est pas étonnant, mais il est « dérangeant », affirme Michel Perron, un des plus grands experts en matière de décrochage scolaire au Québec.
Au Québec, c’est la municipalité régionale de comté (MRC) des Basques, dans le Bas-Saint-Laurent, qui est la championne en termes de réussite scolaire, avec un taux de diplomation en sept ans de 91 % (voir autre texte et encadré). La MRC de l’île d’Orléans arrive au deuxième rang.
À l’opposé, la MRC de La Vallée-de-la-Gatineau en Outaouais arrive en queue de peloton : seulement un jeune sur deux (54 %) arrive à obtenir un diplôme sept ans après son entrée au secondaire. Dans la MRC de la Minganie, sur la Côte-Nord, cette proportion est de 55,4 %.
Ces données sont tirées de la plateforme interactive CartoJeunes, qui contient une foule d’informations sur le parcours scolaire des jeunes Québécois selon leur lieu de résidence.
Cette « cartographie de la réussite scolaire » est réalisée à partir des données du ministère de l’Éducation par le Centre d’étude des conditions de vie et des besoins de la population (ÉCOBES), rattaché au cégep de Jonquière, qui travaille à mobiliser les communautés autour de cet enjeu.
UN PROBLÈME DE SOCIÉTÉ
L’exercice permet de jeter un éclairage différent sur le décrochage scolaire, qui n’est pas seulement l’affaire de l’école, souligne Michel Perron, qui est le conseiller scientifique du projet CartoJeunes et professeur retraité à l’Université du Québec à Chicoutimi.
« C’est le portrait le plus réaliste de la réussite scolaire que l’on puisse faire par territoire au Québec. La persévérance scolaire, ce n’est pas qu’un enjeu scolaire, c’est un enjeu social », affirme-t-il.
Plusieurs facteurs, à commencer par les conditions de vie, ont une influence sur le parcours scolaire des jeunes, rappelle M. Perron.
D’où l’importance de présenter des données à l’échelle des MRC, pour que les acteurs régionaux se sentent concernés, ajoute Michaël Gaudreault, coordonnateur du projet CartoJeunes.
Il s’agit par ailleurs de « données inédites » puisque ces derniers n’ont habituellement pas accès aux statistiques des commissions scolaires de leur territoire, précise-t-il.
GRAND ÉCART DANS UNE RÉGION
Or, le portrait varie considérablement d’une MRC à l’autre, souvent au sein de la même région administrative.
En Mauricie, la MRC de La Tuque affiche un taux de diplomation de 61 %, alors que celui de sa voisine, la MRC de Mékinac (Saint-Tite et les environs), est plutôt de 84 %.
Au cours des dernières décennies, le Québec a fait « un bond considérable » en matière de diplomation, « mais la question des inégalités territoriales n’est pas réglée », souligne M. Perron, qui est sociologue et géographe de formation.
« C’est un vieux problème que l’on traîne depuis longtemps. On n’a pas fini de valoriser l’éducation partout au Québec », ajoute-t-il.