L’institution dans une position « à risque »
L’Université McGill n’est pas à l’abri de se retrouver en situation d’apparence de conflit d’intérêts en nommant à la tête de son département informatique un gestionnaire qui ne relève pas de l’institution et qui rend aussi des comptes à une firme privée.
C’est l’avis de Michel Séguin, professeur au Département d’organisation et de ressources humaines et expert en gestion de l’éthique en entreprise à l’UQAM.
Ce n’est pas « anormal », à son sens, qu’une organisation doive recourir au privé pour pourvoir un poste par intérim en raison d’un manque de ressource à l’interne. Surtout en informatique. Mais pour un poste de haute gestion dans un organisme public ou parapublic, « celle-là, je ne l’ai pas vu souvent », a-t-il mentionné.
Selon lui, il n’y a pas de problème sur le plan des conflits d’intérêts réels. Mais c’est « à risque ». L’institution doit donc mettre en place des mécanismes pour exercer un contrôle sur ce que le consultant privé pourra faire.
« FAIRE HYPER ATTENTION »
« Là où l’Université doit faire hyper attention, c’est de s’assurer que cette personne ne soit pas tentée de prendre des décisions biaisées, que ce soit volontaire ou involontaire », a-t-il ajouté.
M. Séguin explique que l’Université doit démontrer qu’elle n’avait aucune autre solution à l’interne pour remplacer ce poste et que le recours au nouveau gestionnaire vise à « dépanner ».
« Là où ça peut devenir plus délicat, c’est l’apparence de conflit d’intérêts ». Ce qui peut faire « aussi mal », à son sens.
Si l’Université octroie un contrat à CGI ou à une firme qui y est reliée durant l’intérim, ou même après, « certains fournisseurs pourraient penser que les dés sont pipés », prévient-il.
« Dans un bon souci de gouvernance », M. Séguin suggère à McGill de rapidement identifier quelqu’un qui ne dépendrait que de l’Université.