Patron à l’Université et chez CGI en même temps
McGill se place dans une situation délicate après la nomination d’un cadre
L’Université McGill a confié les rênes de son département informatique à un gestionnaire qui est en même temps vice-président principal de la firme de technologies CGI, a appris notre Bureau d’enquête.
Ce double rôle place l’institution dans une situation « délicate » sur le plan de l’apparence de conflits d’intérêts, croit le professeur expert en éthique de l’UQAM, Michel Séguin (voir le texte ci-contre).
Durant les dernières années, le gouvernement libéral a martelé, avec vigueur, que les organismes québécois ne devaient pas confier la gestion de leurs projets informatiques au privé, mais à des ressources internes imputables.
La décision de McGill va ainsi à contresens.
En juin, l’Université a nommé Stuart A. Forman au poste intérimaire de chef du service des technologies de l’information. Ce dernier fait aussi partie de la haute direction de la firme CGI, où il occupe le poste de « vice-président principal et chef de la direction informatique globale », selon le site internet de l’entreprise. CGI est un partenaire de l’Université. En avril dernier, la firme a remporté, avec d’autres entreprises, un contrat pouvant atteindre 5 M$ pour des services-conseils en informatique. Depuis 2010, l’institution lui a octroyé plus d’une vingtaine de contrats de gré à gré.
PAS D’APPEL D’OFFRES
M. Forman occupera l’intérim durant six mois. McGill ne nous a pas précisé quel était le montant versé pour cet intérim. Le service des relations médias nous a plutôt souligné que le montant faisait partie d’un mandat de 408 000 $ versés à CGI, qui inclut aussi un « diagnostic » et des « recommandations pour améliorer l’efficacité » du département informatique. L’Université McGill n’a pas affiché publiquement ce contrat sur le site web gouvernemental prévu à cet effet.
De plus, même si le montant nécessitait de faire un appel d’offres, l’institution n’en a pas fait.
McGill invoque l’exception prévue à la loi sur les contrats des organismes publics lorsqu’il s’agit d’une question de « nature confidentielle ou protégée ».
PAS DE CONTRAT À CGI
Le directeur adjoint du service des relations médias de l’Université, Chris Chipello, a assuré que, durant l’intérim, « l’Université ne prévoit aucun appel d’offres pour des contrats auxquels CGI serait susceptible de participer ».
Comme dans toutes les universités au Québec, le département informatique de McGill est un donneur d’ouvrages important avec le virage numérique.
Seulement en entretien de ses équipements informatique, McGill a dépensé 10 millions de dollars l’an dernier, lit-on dans le bilan financier de l’institution d’enseignement.
La firme CGI n’a pas commenté le dossier.