Un restaurant-gîte qui sauve le patrimoine de Saint-Élie-de-Caxton
Sans le Lutin Marmiton, la Fabrique aurait peut-être dû vendre le presbytère
SAINT-ÉLIE-DE-CAXTON | Un resto-gîte où l’on peut dormir dans de vieilles chambres de curés a permis de sauver le presbytère de Saint-Élie-de-Caxton, un village touristique de 2000 habitants.
Le Lutin Marmiton a réussi à créer une ambiance bien particulière de l’époque, où la religion catholique était plus importante que maintenant.
Chacune des cinq chambres est munie d’un prie-Dieu. Les chambres ne sont pas numérotées, mais sont plutôt nommées en fonction des curés qui ont oeuvré dans le village de Fred Pellerin. Ça donne une ambiance bien particulière au gîte.
CHAMPIGNONS SAUVAGES
« Tous les matins, j’ai une émotion quand j’arrive devant le bâtiment. J’en reviens toujours pas qu’on soit là. C’est extraordinaire », dit Delphine Martinez, 32 ans, copropriétaire avec Simon Lafontaine, 30 ans, qui est également le nouveau chef cuisinier de l’endroit.
En plus de son ambiance historique qui va très bien avec les histoires du village popularisées par Fred Pellerin, le restaurant offre un menu adapté à la nature locale.
Simon Lafontaine cueille lui-même en été les champignons sauvages qu’il ajoute à ses plats.
« Ça fait en sorte que je n’ai pas à les payer. C’est mon activité pour décompresser. Mon cellulaire n’entre pas dans le bois. Je cherche mes petits champignons dans la forêt et je suis bien content », explique-t-il.
Il est par ailleurs en train de former un nouvel employé à repérer les champignons comestibles. Cette pratique est légale, confirme le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
PRESBYTÈRE
Le restaurant est né en 2009 alors que la fabrique cherchait des moyens de réduire ses frais. Sans le Lutin Marmiton, la Fabrique aurait pu être contrainte de vendre le presbytère.
« Tu ne peux pas imaginer Saint-Élie sans église ni presbytère. C’est l’âme du village. On le reconnaît à ça », dit Robert Matteau de la Paroisse NotreDame-de-l’Alliance, dont Saint-Élie-deCaxton fait partie.
Les marguilliers peinaient en 2009 à assumer les coûts d’entretien du bâtiment construit en 1921, qui peuvent atteindre de 12 000 $ à 15 000 $ par année.
S’ils ne trouvaient pas une solution, ils auraient pu se retrouver à devoir vendre le bâtiment qui était inhabité depuis quelques années.
MARTINET RAMONEUR
Les coûts d’électricité et de chauffage étant désormais payés par les locataires, les sommes récupérées peuvent être investies sur le bâtiment ou sur le chauffage de l’église, dont les frais peuvent atteindre 20 000 $ par année.
Le couple Martinez-Lafontaine a racheté le fonds de commerce de la première propriétaire, il y a maintenant un an, et ne pouvait rêver mieux.
Le restaurant propose 28 places à l’intérieur, réparties dans deux salles à manger, et est ouvert 7 jours par semaine l’été, puis la fin de semaine à partir de l’automne. Le restaurant est toujours plein le dimanche matin, avant et après la messe, selon les propriétaires.
Fait cocasse : le mur qui sépare les deux salles à manger ne peut pas être détruit, car il s’y trouve une cheminée dans laquelle un petit oiseau d’une douzaine de centimètres menacé de disparition, un martinet ramoneur, construit son nid chaque année.
« On est un hébergement. Alors on accueille tout le monde », dit en riant Delphine Martinez.