Le Journal de Montreal

Deux briques et un fanal pour François Legault

- JOSÉE LEGAULT

Pour François Legault, ce premier débat des chefs télévisé en anglais tombe à un bien mauvais moment. Coincé entre les deux débats en français et à 13 jours à peine du scrutin, Philippe Couillard et Jean-François Lisée l’ont durement ciblé. Parfois même de concert. Et de toute évidence, avec un plaisir partagé.

Après tout, comme disent les Anglais :

politics makes strange bedfellows. Dit autrement, face à un « ennemi » commun, des intérêts mutuels peuvent unir les adversaire­s les plus coriaces. La CAQ étant première depuis des mois, M. Legault s’est donc retrouvé au centre d’un tir groupé.

Il fallait voir messieurs Lisée et Couillard dénoncer à l’unisson les tests de valeurs promis par M. Legault et de possibles expulsions d’immigrants. Ils ont même uni leurs forces pour défendre les anglophone­s craintifs de perdre le contrôle de leurs commission­s scolaires sous la CAQ. Des moments d’anthologie.

Le vote anglophone est acquis aux libéraux. La vraie question est celleci. De carte initialeme­nt payante pour la CAQ, le thème de l’immigratio­n deviendra-t-il son talon d’Achille auprès des francophon­es ? Les prochains sondages diront si dommage il y a ou non.

UN BRIN PLOMBÉ

Le chef de la CAQ entrait dans l’arène un brin plombé. Plombé par sa maîtrise inégale de l’anglais et ses erreurs factuelles récentes sur son thème premier, l’immigratio­n. De son côté, M. Lisée s’est montré redoutable. Sa maîtrise de l’anglais est excellente.

N’ayant aucune clientèle à séduire, il pouvait se concentrer sur son principal objectif : se servir du débat en anglais pour attaquer M. Legault à son aise. La pugnacité de M. Lisée s’explique aisément. En début de campagne, la survie même du PQ était en jeu. D’où la résilience exceptionn­elle de son chef.

De fait, les premiers duels les plus cinglants ont opposé messieurs Lisée et Legault. Il faut dire que la modeste remontée du PQ au-dessus des 20 % d’appuis, si elle devait se poursuivre, pourrait priver la CAQ d’une victoire majoritair­e. D’où les critiques fort timides de M. Couillard envers M. Lisée. Le premier ministre espérant lui aussi voir le PQ reprendre des plumes pour affaiblir la CAQ.

UNE MAUVAISE IDÉE

Une part du vote francophon­e semble vouloir butiner entre la CAQ et le PQ. Pour sortir le gouverneme­nt Couillard, de nombreux francophon­es devront toutefois choisir. M. Legault se dirigeait tout droit vers une majorité de sièges. Reste à voir maintenant si le PQ réussira ou non à redevenir compétitif. Et ce faisant, à ramener au bercail une partie de son vote souveraini­ste perdu.

Cela dit, un débat des chefs en anglais est une mauvaise idée. Primo, la langue officielle au Québec est le français. Deuxio, ce débat crée un précédent pour l’avenir. Tertio, la performanc­e des chefs est trop tributaire de leur niveau de maîtrise de l’anglais.

Ce qui, pour l’ultime débat diffusé ce jeudi à TVA, ne sera pas le cas. Surveillez les duels Lisée-Legault. Ils ne manqueront sûrement pas.

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Il fallait voir messieurs Couillard et Lisée dénoncer en unisson les tests de valeurs promis par François Legault.

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