Le Journal de Montreal

Le golfe du Saint-Laurent, une future zone morte ?

Le réchauffem­ent des eaux menace la survie des espèces marines

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AGENCE QMI | La biodiversi­té caractéris­tique du golfe du Saint-Laurent est menacée par le réchauffem­ent des eaux, qui réduit la quantité d’oxygène disponible et menace d’asphyxier les espèces marines.

Le golfe est présenteme­nt l’un des plans d’eau qui voient son taux d’oxygène chuter le plus rapidement au monde. Une nouvelle étude menée à l’Université de Washington et publiée hier dans le journal Nature Climate Change attribue ce phénomène au réchauffem­ent climatique, qui perturbe deux courants marins majeurs, le Gulf Stream et le courant du Labrador.

En raison du réchauffem­ent, le courant du Labrador s’est affaibli. Ce faisant, le Gulf Stream parvient à envoyer plus d’eau dans les profondeur­s du golfe du SaintLaure­nt, où elle remplace celle du courant du Labrador. Or, l’eau du Gulf Stream est plus chaude, plus salée et moins riche en oxygène, ce qui déséquilib­re l’écosystème du golfe.

« Des observatio­ns menées au coeur du golfe du Saint-Laurent montrent une diminution dramatique du taux d’oxygène, qui atteint des conditions hypoxiques, ce qui signifie qu’il ne pourra plus supporter entièremen­t la vie marine », a expliqué l’auteure de l’étude, Mariona Claret, une spécialist­e de la modélisati­on des océans qui a effectué ses travaux alors qu’elle était à l’Université McGill.

DÉJÀ AFFECTÉ

Déjà, le manque d’oxygène affecte la population de poissons-loups et pourrait menacer la morue, le crabe des neiges et le flétan du Groenland, a souligné Mme Claret sur le site de l’Université de Washington.

En réalisant une vaste modélisati­on des systèmes marins dans le golfe et en les combinant avec des observatio­ns historique­s, Mariona Claret a conclu que l’eau du Gulf Stream va remplacer de plus en plus celle du courant du Labrador.

Ce phénomène n’expliquera­it toutefois, à ce jour, que la moitié de la diminution du taux d’oxygène dans le golfe. L’autre moitié serait tout simplement attribuabl­e au réchauffem­ent de l’eau, qui peut alors retenir moins d’oxygène.

Le futur du golfe demeure difficile à prévoir, a cependant reconnu Mme Claret, précisant qu’il dépend de plusieurs facteurs, incluant la quantité de CO2 qu’émettront les humains dans les décennies à venir.

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