Le Journal de Montreal

L’excès de zèle en matière de dates de péremption dénoncé

Le gaspillage alimentair­e coûte 31 milliards $ par année au Canada

- DIANE TREMBLAY

De nombreux gestionnai­res d’épicerie considèren­t le système de dates de péremption comme trop sévère, en plus d’être à la source du gaspillage alimentair­e qui s’élève à 31 G$ annuelleme­nt au Canada.

Plusieurs acteurs du milieu estiment que l’excès de zèle dans l’applicatio­n du système de dates de péremption génère la disqualifi­cation hâtive de certains produits, rapportent les auteurs d’une nouvelle étude sur le gaspillage alimentair­e, René Audet et Éliane Brisebois, chercheurs à la Chaire sur la transforma­tion écologique de l’UQAM.

« Plusieurs répondants affirment ouvertemen­t que le système de dates de péremption est trop strict et reconnaiss­ent que la plupart des aliments éliminés des tablettes […] seraient propres à la consommati­on. »

Un détaillant cité dans l’étude affirme même que la société est « surrégleme­ntée ».

Après les oeufs, le lait, le yogourt, les dates de péremption ont fait leur apparition sur des produits qui n’en avaient pas auparavant, comme les croustille­s et les boîtes de conserve.

Certaines bannières retirent à l’avance les produits avant même l’arrivée à échéance de la date de péremption pour « des questions de réputation », selon Mme Brisebois.

« Les normes internes des grandes bannières de l’alimentati­on accentuent la pression sur la génération de pertes. »

CONFLIT D’INTÉRÊTS

La durée de conservati­on des produits n’est pas fixée par la loi. Ce sont les fabricants ou les détaillant­s qui ont la responsabi­lité de déterminer la durée de conservati­on.

Cet aspect de la politique fait d’ailleurs l’objet d’une polémique, a indiqué Mme Brisebois au Journal.

Les participan­ts à un forum sur le gaspillage alimentair­e, qui s’est tenu en juin 2018 à Vancouver, ont appuyé l’idée que la durée de conservati­on des aliments soit régulée par les gouverneme­nts plutôt que « d’être laissée au bon vouloir des manufactur­iers qui se trouvent en quelque sorte en conflit d’intérêts, puisque les dates ont un effet sur les ventes ».

« LES MOCHES »

Pour pallier ce gaspillage, de plus en plus d’épiceries optent pour l’applicatio­n de rabais pour les produits dont la date d’expiration approche. Même chose pour les produits qui ont un aspect altéré, « les moches ». Ces initiative­s sont appréciées des consommate­urs. La responsabi­lité de lutter contre le gaspillage alimentair­e repose sur un ensemble d’acteurs, disent Mme Brisebois et M. Audet.

D’après les chercheurs, la date de péremption est un facteur déterminan­t lorsqu’il est question de gaspillage, parce qu’elle est étroitemen­t associée à la notion de fraîcheur, même si une date limite n’est pas un indicateur de salubrité.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI ?? Le « avant » et « après » est ce qui guide les choix des consommate­urs, affirment les auteurs de l’étude sur le gaspillage alimentair­e, Éliane Brisebois et René Audet, de la Chaire sur la transforma­tion écologique de l’Université du Québec à Montréal.
PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Le « avant » et « après » est ce qui guide les choix des consommate­urs, affirment les auteurs de l’étude sur le gaspillage alimentair­e, Éliane Brisebois et René Audet, de la Chaire sur la transforma­tion écologique de l’Université du Québec à Montréal.

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