UNE DIZAINE D’ENSEIGNANTS INTERROGÉS
Qui fournira les mouchoirs ?
Les enseignants ne peuvent plus exiger que les parents fournissent des mouchoirs pour en faire une réserve commune.
En mars, Amélie s’est donc retrouvée à devoir acheter une dizaine de boîtes. Cette prof de l’Estrie dit débourser au moins 300 $ par année de sa poche.
Lise Madore, de la FQDE, estime que les écoles vont se mettre à acheter des mouchoirs au même titre que du papier de toilette dans le futur.
Reste qu’en attendant, quelqu’un doit les fournir. « Jamais on ne va laisser un enfant avec la guedille au nez », dit Martine, une prof de la Rive-Sud.
Des profs d’arts qui « font les poubelles »
Les profs d’arts plastiques ont parfois tant de difficulté à obtenir des sous qu’ils en sont souvent réduits à « faire les poubelles ».
« Je vais dans d’autres villes pour trouver des crayons Prismacolor [gratuits]. Je quête sur les réseaux sociaux », raconte Fanny, qui enseigne à Laval.
De plus, le matériel fourni par l’école est souvent de mauvaise qualité, déplore Chloé, qui travaille sur la Rive-Sud.
« Un jour, j’ai apporté des pastels de chez moi. Quand ils ont vu le résultat, les élèves avaient les yeux écarquillés. »
« Ce qui me fâche, c’est de me faire dire qu’on fait du “bricolage”. C’est insultant. Il n’y a pas juste le sport qui motive les jeunes. »
Des budgets de classe en baisse
Six enseignants ont confié que l’enveloppe fournie pour acheter du matériel pour leur classe est en baisse depuis des années.
Par exemple, Chantal, une enseignante de l’Estrie, avait un budget de 500 $ il y a 10 ans. Aujourd’hui, c’est plutôt 300 $, même si le coût de la vie a augmenté.
« Donc, on en met plus de notre poche », dit celle qui estime payer environ 700 $ par an.
Calculatrice interdite… mais nécessaire
Stéphanie enseigne les sciences au secondaire sur la Rive-Sud. Elle n’a plus le droit d’exiger une calculatrice scientifique, selon la directive du ministère. Or, elle estime que celle-ci est nécessaire pour réussir les examens… du ministère.
Mais c’est en fait l’école qui devrait la fournir, selon Éric Morissette, un ancien directeur devenu professeur à l’Université de Montréal. Il suffirait que l’élève retourne la calculatrice à la fin de l’année.