36 VILLES ADOPTENT LA LIGNE DURE
Le cannabis banni des lieux publics … et ce n’est qu’un début
Une trentaine de municipalités québécoises ont décidé d’adopter la ligne dure face au cannabis, qui sera légal dans moins d’un mois. Elles interdiront carrément la consommation dans tous les lieux publics, comme les rues, les parcs et sur les trottoirs.
Sherbrooke, Saint-Jérôme, Granby, La Sarre, Repentigny, Saguenay, Chambly, Blainville, Mascouche, Victoriaville, Val-d’Or, Lachute ; une trentaine de villes comptent interdire la consommation dans leurs lieux publics, et la liste s’allonge de jour en jour.
Une quarantaine d’autres réfléchissent à cette option, selon des vérifications effectuées par notre Bureau d’enquête. C’est notamment le cas de Gaspé, Deux-Montagnes, Saint-Gilbert, Orford et Saint-Anselme.
« Les gens me demandaient la ligne dure, mais il faut dire que j’ai une population âgée », dit le maire de Granby, Pascal Bonin.
La loi provinciale prévoit déjà interdire la consommation dans une quarantaine de lieux, soit les endroits où le tabac n’est pas permis, comme les terrains sportifs, les parcs pour enfants et les terrasses.
En interdisant complètement le cannabis dans les lieux publics, les villes forceront les citoyens à ne consommer que dans leur domicile ou sur leur terrain (s’ils en sont les propriétaires). Les amendes prévues varient pour le moment de 50 $ à 1000 $.
CLIMAT DE PEUR
« Le message véhiculé par le gouvernement est restrictif, alors ça ne m’étonne pas que les villes suivent. Un miniclimat de peur s’installe », affirme Maxime Guérin, avocat pour SGF, une firme de consultation en cannabis.
« Beaucoup de municipalités adoptent la ligne dure », constate aussi Danielle Pilette, professeure spécialisée en politique municipale à l’UQAM.
Selon elle, les villes voient l’arrivée du cannabis comme une « menace » pour les valeurs foncières.
« L’exemple du Colorado montre que les gens consomment à proximité des magasins et il y a une concentration de fumée et de nuisance qui entraîne une perte de valeur immobilière pour les propriétaires voisins », explique-t-elle.
DIFFICILE À APPLIQUER
À Granby, deux policiers se consacreront à temps plein à veiller au respect des règlements sur le cannabis. Mais le maire Pascal Bonin demeure réaliste.
« C’est difficile d’appliquer une interdiction complète », reconnaît-il.
La Sûreté du Québec a d’ailleurs récemment rappelé aux MRC qu’il serait « souhaitable d’uniformiser les règlements municipaux » pour faciliter leur application et le travail des policiers, a confirmé le porte-parole de la SQ, Hugo Fournier.
La Coalition avenir Québec et le Parti québécois promettent d’interdire la consommation de cannabis dans les lieux publics pour l’ensemble du Québec.