Le Journal de Montreal

Un syndicat de la STM en cour pour ses moyens de pression

Un syndicat de la STM entend se battre devant le tribunal afin de pouvoir réduire les services d’autobus en cas de grève des employés d’entretien.

- MICHAËL NGUYEN

« Le tribunal administra­tif nous demande de fournir 100 % des services en heure de pointe en cas de grève... Ça n’aurait aucun impact, alors que c’est le but d’une grève », dit Gleason Frenette, président du Syndicat du transport de Montréal, qui regroupe près de 2400 membres.

En août, le Tribunal administra­tif du travail (TAT) s’était penché sur les services essentiels que devraient fournir les employés de la Société de transport de Montréal [STM] en cas de grève des heures supplément­aires.

Mécontent de la décision, le syndicat a porté la décision en appel devant la Cour supérieure la semaine passée.

Si les parties sont d’accord sur l’importance d’une équipe d’urgence dans le métro et d’une clause pour les situations exceptionn­elles, elles ne se sont pas entendues sur le nombre de bus qui devront rouler.

En moyenne, 873 000 personnes utilisent quotidienn­ement les autobus de la STM. Pour le moment, aucune grève n’est prévue à court terme, assure M. Frenette.

SANTÉ ET SÉCURITÉ

« L’idée, c’est de faire pression [auprès de l’employeur], affirme M. Frenette. On essaie de minimiser l’impact auprès de la population. Si on voulait vraiment mal faire, on s’attaquerai­t au métro, mais on sait que pour la population, ça, c’est crucial. »

Lors des audiences devant un juge administra­tif, la STM avait fait part de ses craintes pour la santé et la sécurité de la population en cas de diminution de la flotte à moins de 1350 autobus. En temps normal, environ 1450 véhicules sont opérationn­els.

Selon la STM, une baisse de service pourrait inciter les gens à prendre leur voiture plutôt que le transport en commun, ce qui pourrait potentiell­ement causer de la congestion routière et compliquer le travail des ambulancie­rs.

Le syndicat rejette cette hypothèse, rappelant que, de l’aveu même de la STM, il s’agissait là d’un « scénario catastroph­e » et qu’aucun incident du genre n’avait jamais été répertorié.

« En fait, lors de l’audience [la STM] n’a démontré au mieux que des inconvénie­nts qui seraient subis par la clientèle, inconvénie­nts qui sont pourtant à prévoir en cas de grève », peut-on lire dans le document de cour.

« HYPOTHÉTIQ­UE »

Le syndicat reproche ainsi au TAT d’avoir été « préoccupé par cette appréhensi­on hypothétiq­ue », pour conclure que le syndicat devait refaire ses devoirs et retravaill­er la liste de services essentiels que les employés syndiqués fourniront en cas de grève.

« La conclusion du TAT, n’étant appuyée d’aucune preuve, équivaut à un déni de justice et brime le droit fondamenta­l [du syndicat] de faire la grève », conclut le syndicat dans sa poursuite.

Dans la dernière année, le syndicat affirme que les employés ont réalisé 500000 heures supplément­aires, soit l’équivalent de 300 postes permanents.

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