Une bulle prête à éclater
Faisant fi de la terrible crise financière déclenchée à la suite de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008, le monde de la haute finance est retombé… dans ses excès.
Voici une panoplie d’indices alarmants sur les excès financiers de l’heure.
Commençons par la spéculation entourant nos compagnies de « pot ». Depuis le 19 octobre 2015, jour où Justin Trudeau devient premier ministre avec sa promesse de légaliser le « pot », le titre du chef de file des compagnies de marijuana au Canada, soit Canopy Growth Corporation, est passé de 2,18 $ à 65 $. Sa capitalisation boursière s’élève aujourd’hui à 15 milliards de dollars. Cela dépasse largement la capitalisation d’Air Canada, SNC Lavalin, Dollarama, Bombardier, etc. Où est la logique ? Et à 65 $, il faut savoir que le titre de Canopy accuse une baisse de 10 $ par rapport à son haut du 5 septembre dernier !
Par ailleurs, selon la firme Deloitte, quelque 16 % des sociétés inscrites à la Bourse canadienne sont des entreprises « zombies », c’est-à-dire des entreprises matures (10 ans ou plus d’existence) dont les bénéfices sont insuffisants pour assurer le paiement des intérêts sur leurs emprunts. Au nombre de 350, ces sociétés que l’OCDE qualifie de « zombies » nuisent à la croissance et à la prospérité des entreprises canadiennes plus jeunes et dynamiques.
WALL STREET
La Bourse américaine ne cesse de se gonfler. Mise en garde : la firme Goldman Sachs rapporte que les sociétés américaines ont dépensé 384 milliards $ en rachats d’actions au cours du premier semestre.
Cela représente une augmentation de 48 % par rapport à l’année précédente. Il est évident que ces rachats d’actions aident à supporter la valeur élevée des actions américaines. Mais convenons que ce genre de support boursier donne dans l’artificiel !
De plus, la Bourse américaine accapare à elle seule 44 % de la capitalisation boursière mondiale alors son PIB représente 24 % du PIB mondial. La valeur boursière des compagnies américaines (36,2 milliards $ US à la fin août dernier) est presque le double du PIB des États-Unis.
SURENDETTEMENT
Autre indice inquiétant. Selon la firme de consultants en management McKinsey, le cumul des dettes publiques et privées dans le monde totalise 169 000 milliards de dollars US. Cela représente 2,12 fois le PIB mondial. À titre de comparaison, le même ratio dette/PIB mondial avait plafonné à 1,54 avant l’effondrement des marchés en 2008.
On est donc présentement davantage surendetté à comparer à la bulle financière qui sévissait en 2007, début 2008.
Que dire maintenant de la folie des produits dérivés financiers qui atteignent, selon le journal Libération, les 800 000 milliards $ US, voire 10 fois le PIB mondial. La gamme des produits dérivés porte sur les matières premières, les devises, les taux de change, les multiples indices boursiers… et même sur des produits dérivés.
Qu’à cela ne tienne… nombre de stratèges, d’analystes et de gestionnaires de fonds communs de placement et de caisses de retraite laissent entendre que la situation actuelle, malgré ses excès, ne risque aucunement de nous re…basculer dans une grave crise financière. Tant mieux s’ils ont raison !