« C’est immense »
— La cinéaste Sophie Dupuis
Contre toute attente, c’est un film peu connu du grand public qui a été choisi pour représenter le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère : le drame Chien de garde, de la jeune réalisatrice Sophie Dupuis.
Chien de garde, un long métrage tourné avec petit budget (1,5 M$) qui a pris l’affiche au Québec l’hiver dernier, a donc été préféré au plus récent film du réputé cinéaste Denys Arcand, La chute de l’empire américain, qui semblait être, selon plusieurs observateurs, le candidat le plus logique pour défendre les couleurs du Canada aux prochains Oscars.
Inutile de dire que la réalisatrice Sophie Dupuis, 32 ans, flottait sur un nuage, hier. Elle a appris la nouvelle le jour même, pendant qu’elle allait faire son marché :
« Je suis vraiment tombée en bas de ma chaise, raconte-t-elle en riant. Je n’avais plus de voix, plus de souffle. Je ne pensais pas du tout qu’on avait des chances parce qu’il y avait beaucoup de bons films qui étaient aussi en lice. Ça m’a vraiment prise par surprise.
PLACE À LA RELÈVE
J’étais déjà très contente de la carrière du film, parce qu’on avait eu une super bonne réponse du public et des critiques et qu’on commençait à se promener dans des festivals. Mais là, cette sélection pour les Oscars, c’est vrai- ment la cerise sur le sundae. C’est immense. »
En optant pour ce premier long métrage d’une jeune cinéaste de la relève, le comité désigné par Téléfilm Canada pour sélectionner le film représentant le pays aux Oscars a fait un choix qui peut paraître audacieux.
Mais Chien de garde, qui a déjà été présenté dans une vingtaine de festivals à l’international et qui a récolté trois prix Iris lors du dernier Gala Québec Cinéma, a déjà fait ses preuves auprès du public au Québec, mais aussi à l’étranger.
Ce drame familial percutant raconte l’histoire de deux frères (Jean-Simon Leduc et Théodore Pellerin) qui habitent avec leur mère (Maude Guérin) dans un petit appartement de Verdun et qui tentent de survivre dans le milieu du trafic de drogue.
« C’est un film sombre, mais à force de le présenter au public, je me suis aperçue à quel point les gens se rendent compte que c’est aussi un film tendre et plein d’amour. Ça m’a fait plaisir de découvrir cela au fil des projections », a souligné Sophie Dupuis.
RIEN N’EST GAGNÉ
Rien n’est toutefois gagné encore pour Chien de garde. Chaque année, plus de 80 pays soumettent un long métrage pour concourir pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et seulement cinq d’entre eux sont retenus parmi les finalistes pour le prix. D’ailleurs, aucun film représentant le Canada n’a obtenu de nomination depuis l’année de Rebelle, de Kim Nguyen, en 2013.
En plus de représenter une nouvelle généra- tion de cinéastes québécois, Sophie Dupuis s’est dite particulièrement fière de devenir une des rares femmes à voir son film être choisi pour représenter le Canada aux Oscars, notamment après Louise Archambault, Léa Pool et Micheline Lanctôt.
« C’est bien de sentir qu’on ouvre la voie, a-telle admis. Il y a des mesures qui ont été prises récemment ici pour atteindre la parité et pour encourager les femmes cinéastes à tourner des longs métrages, et je trouve qu’il y a déjà un impact. Dans ce contexte, je trouve ça important que ce soit une femme qui représente le Canada cette année aux Oscars et je suis très fière que ce soit moi. J’espère être à la hauteur de cette responsabilité. »
Les cinq finalistes pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère seront annoncés en janvier. La 91e cérémonie des Oscars aura lieu le 24 février 2019, à Hollywood.