L’élite québécoise au marathon de Montréal
Dans les années 1980, le marathon de Montréal a été le théâtre de performances québécoises au 42,2 km qui perdurent trois décennies plus tard, comme des records. Cette année, la relève souhaite aussi y laisser des traces. On est allé à sa rencontre.
Dimanche, Baghdad Rachem, 41 ans, François Jarry, 24 ans, Anthony Larouche, 28 ans, et Patrice Labonté, 25 ans, ne courront pas pour gagner. Le podium est plus ou moins garanti aux Kenyans. Nos Québécois pousseront leurs limites pour plutôt établir de nouveaux records personnels, et du même coup, inscrire leur nom au palmarès des plus grands marathoniens québécois de l’histoire.
D’UNE GÉNÉRATION À L’AUTRE
Le marathon de Montréal a une connotation spéciale pour l’athlète master, Baghdad Rachem. Rappelons que celui-ci a été invité en 2004 par l’organisation comme lapin de l’Algérien Nour Eddine Betchim. Baghdad a tiré l’Olympien pendant 30 kilomètres (1 h 37), lui permettant de franchir la ligne d’arrivée en 2 h 22 min 34 s. Un an plus tard, nouvellement immigré au pays, Baghdad prendra part au marathon par lui même, et le terminera en 2 h 25.
« J’ai choisi de m’installer à Montréal, pensant prendre ma retraite, raconte Baghdad. Puis c’est ici que je suis devenu un vrai coureur de route ! Avant je n’étais qu’un course man [lièvre]… », ajoute celui qui a été le lapin professionnel du célèbre coureur demi-fond algérien Noureddine Morcelli pendant quelques années. Au Québec, pendant plus d’une décennie, il était plutôt le lièvre que le peloton tentant de suivre, loin derrière. Aujourd’hui, à 41 ans, il parle parfois de retraite, sans pourtant ralentir la cadence.
« J’ai couru 170 km dans les derniers jours, me dit celui-ci en début de semaine. Mais j’ai moins de vitesse qu’avant, et la récupération n’est plus la même… »
Quatorze ans après son premier marathon comme Montréalais, il prévoit un temps dimanche entre 2 h 25 et 2 h 30, comme si le temps ne faisait pas d’emprise véritable sur ses performances. Plutôt, la relève locale le rattrape.
« Je vise un temps en bas de 2 h 20 », dit François Jarry, 24 ans. Il n’en est pas à son premier marathon (18 ans, 3 h 5, 19 ans, 2 h 58), mais un premier vrai, dûment préparé, après des automnes consacrés à des saisons de cross-country avec l’équipe de McGill Athletics.
UNE JEUNE RELÈVE PROMETTEUSE
« Ça fait cinq ans que j’attends de le faire ! » ajoute le Montréalais, enthousiaste. Cet objectif ambitieux le classerait dans le top 10 des plus grands marathoniens de tous les temps. En avril, il signait un 1 h 7 min 8 s au demi-marathon Scotia de Montréal, et il se sent en meilleure forme que jamais. « J’ai fait le plus difficile : m’entraîner sans me blesser pour le marathon, une distance pour laquelle un gros volume de kilométrage est essentiel », dit le jeune coureur. Anthony Larouche, de Québec, sera aussi du départ, où il aspire à un nouveau record personnel (2 h 24 min 42 s au marathon de Sacramento en 2017). Sa victoire au 30 km à Boucherville en 1 h 41 min 23 s promet ! « J’aimerais finir premier Québécois, voire Canadien », dit Anthony, qui se qualifie de hardworker. L’ex-coureur du club d’Athlétisme du Rouge et Or, aujourd’hui enseignant, ne ménage pas les efforts pour développer des capacités physiques à la hauteur de ses rêves. « Je n’ai pas ralenti. À chaque année, j’augmente le volume », précise Anthony, qui sera en outre papa une deuxième fois en décembre. Le Montréalais Patrice Labonté est aussi dans la course de la meilleure performance québécoise. L’athlète de 25 ans des Vainqueurs expert de steeple a commencé sa transition vers la longue distance l’année dernière, un virage qui semble bien lui sied, celui-ci ayant même conséquemment participé au Championnat du monde de demi-marathon. « Ce sera un premier essai pour le marathon pour moi, je souhaite surtout faire de mon mieux », dit sagement le jeune avocat. Certes, sa carrière est jeune, ses ambitions, elles, sont grandes. « Passer sous la barre de 2 h 20 ? Oui, mais comme objectif de carrière, je vise plutôt de remplacer le record de Alain Bordeleau (2 h 14 min 19 s, établi en 1984). »