Le Journal de Montreal

Faire face à ses dettes de consommati­on comme retraité

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

À l’âge de 78 ans, Marthe aurait toutes les raisons de vouloir vivre sa retraite paisibleme­nt. Malheureus­ement, des dettes de cartes de crédit et d’impôt sont venues bouleverse­r son fragile équilibre financier.

Marthe ne roule pas sur l’or et ses revenus mensuels s’élèvent à 1632 $, auxquels s’ajoutent 80 $ de crédit de solidarité. Depuis plusieurs années, elle jongle avec des dettes de consommati­on de 8600 $ en solde de cartes de crédit. Elle doit aussi 1300 $ sur un prêt personnel qu’elle n’a pas fini de payer. Désireuse de rembourser ce qu’elle doit, l’aînée peine à joindre les deux bouts, mais parvient tout de même à garder le bateau à flot. Quand soudain, tout va basculer…

UNE SAISIE DU FISC

Chaque mois, Marthe effectue les paiements minimums sur ses cartes de crédit, soit 260 $. Malgré cela, le solde ne descend pas vite, et à ce rythme, elle ne voit pas le jour où elle pourra en venir à bout. Il faut dire qu’avec des taux d’intérêt d’environ 20 %, il lui sera bien difficile de se débarrasse­r de cette dette si elle maintient les versements à ce niveau.

Sa situation financière lui causait déjà beaucoup d’inquiétude lorsque Revenu Québec, après une vérificati­on de son dossier fiscal, lui a présenté une facture supplément­aire de 2200 $. Pour l’aînée, c’est la catastroph­e, car si la loi empêche le fisc de saisir ses rentes de retraite, il peut toutefois mettre la main sur une partie du crédit de solidarité, incluant donc le crédit TVQ pour personnes à faibles revenus. « C’est 40 $, soit la moitié du montant payable par mois, qui lui sont ôtés et que Marthe ne peut plus appliquer au paiement de ses cartes de crédit », mentionne Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés.

IMPOSSIBLE DE FAIRE FACE

Très vite, sa situation devient intenable et ne cesse de se détériorer. Pour rembourser ses dettes, elle coupe dans ses dépenses essentiell­es et est littéralem­ent prise à la gorge. « Lorsque Marthe est venue nous consulter, nous lui avons expliqué que malgré toute sa bonne volonté, elle ne réussirait pas à remplir ses obligation­s financière­s. Cela a été un choc, car pour les personnes de sa génération, l’idée de ne pas s’acquitter de ce qu’elle doit ou de faire faillite est impensable », mentionne Pierre Fortin.

Compte tenu de ses revenus amputés, une fois ses dépenses essentiell­es de base payées (loyer, épicerie, électricit­é, etc.), il ne lui reste plus que 190 $ par mois disponible­s. Même si elle consacrait toute cette somme au remboursem­ent de ses cartes de crédit, il lui faudrait malgré tout sept ans pour liquider cette dette, et il lui en coûterait 7500 $ en intérêt.

LIBÉRÉE DE SES DETTES

Parmi les solutions possibles, la faillite est celle qui permettait à Marthe de réduire au maximum la durée et le montant des paiements à effectuer, soit 160 $ par mois pendant neuf mois. Cela fait, elle sera libérée de toutes ses dettes fiscales, des soldes de cartes de crédit et du prêt personnel, puis elle pourra récupérer la totalité de son crédit de solidarité.

« Le cas de Marthe est loin d’être isolé. Beaucoup d’aînés se retrouvent coincés financière­ment à cause d’un équilibre budgétaire précaire qui peut basculer au moindre coup de vent », déplore Pierre Fortin, qui rappelle qu’au Québec, un dossier d’insolvabil­ité sur huit concerne une personne de 65 ans et plus.

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