RETROUVAILLES DIFFICILES
Quand un disciple de Bill Belichick s’en va vers d’autres pâturages, le réflexe initial est de se dire qu’en implantant la philosophie des Patriots dans son nouvel environnement, le succès va suivre. Plus facile à dire qu’à faire, comme le découvre Matt Patricia à la barre des Lions de Detroit. Demain, l’élève retrouve son mentor.
Les deux compères de 14 saisons en Nouvelle-Angleterre se retrouveront après quelques mois de séparation, mais cette fois aux côtés opposés.
En ce début de saison ardu, les Lions se seraient sans doute passés de ces retrouvailles hâtives, à Detroit, devant un auditoire national en soirée. Parce qu’à l’heure actuelle, non seulement les nouveaux protégés de Patricia se retrouvent avec un dossier de 0-2, mais la défensive du nouveau patron traînant une réputation de stratège hors pair ayant appris à l’école de Belichick connaît de sérieux ennuis.
Bien qu’un échantillon de deux matchs soit trop mince pour céder à la panique, les Lions sont derniers dans la ligue avec une moyenne de 39 points accordés par rencontre. L’équipe croule aussi au dernier rang contre la course en concédant une moyenne gargantuesque de 179,5 verges au sol par match.
PAS FACILE DE RÉPÉTER
Pire encore, certains bruits ont émané de Detroit disant que Matt Patricia se montre un peu trop « Belichikien » dans son approche avec les joueurs. Entraînements costauds et intenses, politique média stricte et une certaine distance auraient refroidi l’ardeur de quelques vétérans. Et pourtant, à Detroit, il y a certainement des coups de pied au postérieur qui se perdent depuis trop longtemps…
Bref, n’applique pas le fameux « Patriot Way » qui veut ! Ce n’est pas si simple. Il serait complètement absurde de juger le rendement de Patricia après un si court laps de temps, mais chose certaine, si les choses devaient éventuellement tourner au vinaigre chez les Lions, il ne serait pas le premier homme de football issu de l’arbre généalogique du coaching de Bill Belichick à souffrir une fois loin du nid.
PLUSIEURS EXEMPLES
Après de retentissants succès comme coordonnateur défensif des Patriots sous Belichick de 2001 à 2004, Romeo Crennel a été embauché comme entraîneur-chef par les Browns, avec lesquels il a présenté un dossier de 24-40. Les Chiefs ont aussi tenté leur chance avec lui, lui montrant la porte après un rendement de 4-15.
D’autres gourous défensifs sous les ordres de Belichick ont vite déchanté ailleurs, comme Nick Saban à la tête des Dolphins (15-17), ainsi qu’Eric Mangini chez les Jets (23-25) et les Browns (10-22).
Même pour les stratèges offensifs de l’ère Belichick, le tableau n’est guère plus reluisant. L’actuel coordonnateur offensif des Patriots, Josh McDaniels, avait été l’homme de confiance des Broncos en 2009 et après un magistral départ de 6-0, son équipe n’a gagné que cinq de ses 22 matchs suivants. Quant à Bill O’Brien, toujours aux commandes des Texans après cinq saisons en Nouvelle-Angleterre, il montre un dossier mitigé de 31-35 à la barre de son équipe.
Au total, c’est donc un bilan affligeant de 114-173 (,397) qui colle aux CV des anciens assistants de Belichick devenus entraîneurs en chef, en incluant Matt Patricia. Difficile de dire si ce dernier deviendra le premier à briser la tendance à long terme, mais la quête s’annonce musclée.