Le Journal de Montreal

Doute passager pour un champion

Le jeune patineur Samuel Girard avoue avoir remis en question sa carrière durant la saison estivale

- Alain Bergeron ABergeronJ­DQ

Champion olympique, vice-champion du monde et riche pépite du présent et de l’avenir de la courte piste au Canada ; tout ça à 22 ans. Samuel Girard demeure pourtant le dernier que l’on pourra ébranler avec la carrière florissant­e que l’univers du patinage de vitesse voit en lui.

l∫ Sa victoire en finale du 1000 m aux Jeux de Pyeongchan­g n’a pas altéré son attitude. Aussi habile avec un outil dans les mains qu’avec des patins aux pieds, amant de la forêt et des grands espaces, ses intérêts variés l’ont poussé durant l’été jusqu’à une surprenant­e réflexion pour un athlète de son âge : et s’il en avait assez du patin ?

« À ce moment-là, je me posais des questions. Est-ce que je continue à patiner ? Je suis champion olympique, j’ai une médaille d’or. Est-ce que j’ai accompli ce que j’avais à accomplir ? Oui, j’ai encore du potentiel, mais mentalemen­t, suis-je prêt à sacrifier ce que j’ai envie de faire parce que j’ai des chances d’être bon ? Moi, ce n’est pas ma vision. Le jour où je n’aurai plus la motivation de patiner, ça va être terminé et je vais continuer dans quelque chose que je vais aimer et qui sera un autre champ de compétence », confiait le verbomoteu­r, mercredi, à l’approche du championna­t canadien qui se déroule cette fin de semaine à l’aréna Maurice-Richard.

MOTIVATION À LA BAISSE

Girard a partagé ses questionne­ments avec son amoureuse et coéquipièr­e, Kasandra Bradette, qui a elle aussi participé aux Jeux olympiques. Un voyage ensemble au Pérou, l’achat d’un terrain chez lui à Ferland-et-Boilleau et leurs projets de constructi­on ont bousculé leurs pensées.

Le départ de l’entraîneur Derrick Campbell avec l’équipe masculine de Chine, en juin, et les semaines flottantes avant la nomination au début du mois d’août d’Éric Bédard ont activé les doutes chez l’athlète du Saguenay. L’arrivée du nouvel entraîneur l’a cependant relancé dans un nouveau cycle olympique (voir autre texte).

« J’étais en train de perdre un peu la motivation et à me dire : est-ce que j’aime ça encore ? », avoue le double médaillé d’argent aux championna­ts mondiaux de 2016 et 2017.

« Moi, à tous les matins que je me lève, il faut que j’adore mon travail. Que ça me paie 150 000 $ ou 50 000 $, si c’est celui à 50 000 $ que j’aime, ça va être celui-là que je vais faire. »

« AIMER CE QU’ON FAIT »

On sait maintenant que le tonnerre tomberait près du champion olympique qu’il le repoussera­it du bout du pied. S’il y avait une gloire à atteindre avec le patin, elle ne transforme­ra pas Samuel Girard, qui s’avoue lui-même surpris par cette remise en question qu’il a eue durant l’été.

« Oui, dans un certain sens, parce que plusieurs me disent que je suis le futur du patin. Je comprends ça, mais je me demandais : suis-je encore heureux dans ce que je fais ? Pour moi, c’est le principal atout qu’il faut avoir. Il faut aimer ce qu’on fait. Si tu n’aimes pas ce que tu fais, à mon avis, tu n’es pas à la bonne place. Moi, je ne me lèverai pas le matin pour venir m’entraîner parce que le monde me dit : tu es bon, continue à patiner. Non, ce n’est pas moi. »

Prochaine réflexion du genre dans quatre ans ?

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PHOTO AGENCE QMI DOMINICK GRAVEL Le champion olympique Samuel Girard avoue avoir remis sa carrière en question durant l’été, mais la réflexion est maintenant derrière lui et il se dit prêt à défendre sa notoriété dans l’élite mondiale. « Si tu as du succès, ça vient avec. »
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