Le Journal de Montreal

Ça change unevie

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Courir un marathon, ça change une vie, soit. Courir un marathon, ça peut aussi changer des vies. Aujourd’hui, des coureurs mettront leurs objectifs personnels et ambitions de chrono de côté pour faire vivre une expérience hors du commun à des jeunes.

« C’est la première année où je ne m’intéresse plus à mes temps, dit Chloé Geoffroy, mentore d’Étudiants dans la course. Ça fait du bien de sortir de son nombril ! »

Son jeune, Samuel, 15 ans, lui, ne fait qu’y penser. Pas nécessaire­ment au chrono, mais à son premier marathon. « Ce n’était pas facile de me concentrer pendant mes cours cette semaine ! » dit le jeune coureur.

UN DÉFI

À ses côtés, Matéo, 16 ans, ne se dit pas nerveux. Depuis octobre, ses mardis et jeudis soirs ainsi que ses dimanches matins étaient consacrés aux entraîneme­nts de groupe d’Étudiants dans la course. « Il est plus que prêt ! », dit Linda Tremblay, sa mentore, en lui donnant une petite tape dans le dos, dont elle s’excuse immédiatem­ent. Matéo n’aime pas qu’on le touche. Il est autiste.

Tous deux font partie des 24 jeunes d’Étudiants dans la course qui seront du départ du marathon ce matin. Aux premiers entraîneme­nts officiels, ils étaient 35. « C’est une bonne moyenne de rétention, dit Linda Tremblay, impliquée dans l’organisme pour une 7e année. L’entraîneme­nt pour un marathon n’est pas facile pour personne… surtout les séances du dimanche matin à 8 h 30, en janvier ! »

Or, les coureurs du programme Étudiants dans la course s’attaquent à ce défi pendant la période parfois rock n’roll de l’adolescenc­e, difficulté­s particuliè­res en sus.

Depuis 2014, l’organisme à but non lucratif se dévoue pour amener ces jeunes de quartiers à risque de la métropole à participer au marathon de Montréal.

Plus que le 42,2 km, c’est le parcours de plus de 1000 km en 158 entraîneme­nts pendant la dernière année qui fait son chemin dans le coeur et les jambes des jeunes coureurs de chaque cohorte.

Au fil des kilomètres, ceux-ci développen­t une précieuse discipline et de meilleures habitudes de vie, mais surtout une confiance en eux et en leur capacité à atteindre des objectifs, ce qui réduit aussi les facteurs de risque reliés aux drogues et aux gangs de rue.

PLUS QU’UNE COURSE

Déjà, l’année dernière, Samuel rêvait de prendre part au programme, en voyant s’épanouir un ami de son Centre de jeunesse.

Même très motivé, l’adolescent est passé par des hauts et des bas au cours des dix derniers mois.

« Je me suis rendu compte que lorsqu’on manquait un entraîneme­nt, c’était plus difficile pour le suivant », dit Samuel. Les vertus de la constance et de l’assiduité! Et celle de la présence de sa mentore, constante à ses côtés, pendant tout ce temps, et qui le restera aussi pendant les 42,2 km.

Linda Tremblay a les yeux brillants lorsqu’elle partage les gains de son jeune protégé, Matéo.

Celui-ci socialise davantage et il consent à s’asseoir à table pour dîner en groupe. « Quand je cours, je parle, sinon je trouve ça long », précise l’adolescent de 16 ans. « Cette semaine, j’ai parlé à mon coiffeur », ajoute Matéo, lui-même semblant surpris par ses acquis.

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PHOTO AGENCE QMI, MARTIN ALARIE Les mentores Linda Tremblay et Chloé Geoffroy donnent le rythme à Matéo et Samuel.
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