Le Journal de Montreal

Personne pour laver la vaisselle... même à 16 $ / l’heure

La pénurie de main-d’oeuvre est telle que les salaires grimpent jusqu’à 16 $ de l’heure

- CAMILLE GARNIER

Des restaurate­urs montréalai­s sont aux prises avec une pénurie de plongeurs si importante que certains n’hésitent pas à les payer jusqu’à 16 $ de l’heure pour s’assurer de leur fidélité.

« L’un de nos plongeurs a été augmenté deux fois cette année, aujourd’hui il tourne autour de 16-17 $ de l’heure », affirme Étienne Rauline, directeur adjoint du restaurant ZIBO ! dans le centre-ville.

Le salaire qu’offre M. Rauline, 37 % au-dessus du salaire minimum de 12 $ de l’heure, se justifie par les difficulté­s qu’il a à recruter.

« On a beaucoup de plongeurs qui viennent, ils font trois-quatre jours et abandonnen­t en disant que c’est trop intense pour eux, explique-t-il. C’est pour ça qu’on fait des efforts pour fidéliser nos employés. »

M. Rauline pense que beaucoup de candidats sous-estiment la difficulté du travail.

« Faire la plonge dans un restaurant du centre-ville ce n’est peut-être pas forcément la même chose que dans un petit restaurant de province, développe-t-il. On a plus de 180 cou- verts sur deux étages, donc je vous laisse calculer le volume d’assiettes. »

La pénurie dépasse largement les frontières de la métropole. À Québec aussi, des restaurate­urs paient leurs plongeurs à prix d’or pour conserver leurs services.

« Aussitôt qu’on en trouve un, on l’engage et souvent on est obligés de le payer plus cher que ce que ça vaut. Sinon, quelqu’un d’autre va lui offrir », relate Alex Lehouillie­r, chef exécutif du Portofino Vieux-Québec.

LABORIEUX

La copropriét­aire du restaurant montréalai­s Tandem dans Villeray, Ericka Soleilhac, vient quant à elle de mettre un terme à deux mois de recherches laborieuse­s en trouvant enfin un plongeur digne de ce nom.

Pour Mme Soleilhac, cet employé souvent peu valorisé est pourtant un membre essentiel de l’équipe de cuisine.

« Un mauvais plongeur, ça se traduit par une cuisine qui manque de poêlons et de plaques, détaille-t-elle. Ça va jouer sur les conditions de travail de tout le monde et apporter du stress. »

FERMETURE FORCÉE

Au-delà des plongeurs, le manque de personnel concerne l’ensemble des postes en restaurati­on. Le patron du restaurant Le Passé Composé situé dans le Village, Arnaud Glay, peut en témoigner.

Abandonné par deux de ses cuisiniers cet été, il a peiné à les remplacer.

« J’ai tout essayé, résume-t-il. J’ai passé des annonces, tenté le bouche-àoreille, j’ai même payé pour des sites spécialisé­s en recrutemen­t et des chasseurs de têtes, mais rien n’a marché. »

Acculé au mur par le manque de personnel, M. Glay a été obligé de fermer son restaurant le mardi.

Grâce à l’embauche de deux nouveaux employés, il espère pouvoir bientôt rouvrir sept jours sur sept.

« J’ai aussi augmenté toute mon équipe de 1 à 2 $ de l’heure cette année pour essayer de les fidéliser », ajoute-t-il.

« UN MAUVAIS PLONGEUR, ÇA SE TRADUIT PAR UNE CUISINE QUI MANQUE DE POÊLONS ET DE PLAQUES. ÇA VA JOUER SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL DE TOUT LE MONDE ET APPORTER DU STRESS. » – Ericka Soleilhac, copropriét­aire du restaurant Tandem de Montréal

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Le plongeur Youssupha Camara, surnommé « Dex », a été accueilli à bras ouverts au restaurant Tandem, situé rue Villeray, à Montréal.
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ÉTIENNE RAULINE Directeur adjoint Zibo !

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