Une course contre la montre avant la pluie
Les intempéries prévues demain pourraient aggraver les dommages causés aux immeubles
« C’est plus pour mes locataires [que c’est grave], mais ça m’a fait de quoi quand j’ai vu ça. Ça m’a touché. C’est mon premier bloc. C’est mon bébé. - Mathieu Guillemet, 43 ans, propriétaire d’un immeuble dont le toit a été arraché
« On parle d’une soixantaine de poteaux cassés, déracinés, arrachés [...] On ne sait pas encore quand l’électricité sera de retour parce qu’on n’a pas encore commencé la reconstruction. Il faut reconstruire le réseau complètement. » - Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec
GATINEAU | Même si la reconstruction des immeubles endommagés par la tornade historique de vendredi soir prendra des mois, les travailleurs sont déjà engagés dans une course contre la montre pour rebâtir temporairement les toits avant les pluies prévues pour demain.
« Il y en a pour des mois. La majorité [des immeubles] ici, il n’y aura rien de reconstruit avant le printemps prochain [...] C’est tout un défi de reconstruction », estime Earl Laforest, président de JPL Après Sinistre, une firme basée en Outaouais. Et on parle de millions, des dizaines de millions $. »
Les travailleurs étaient à pied d’oeuvre hier pour nettoyer et reconstruire. On entendait les marteaux et les scies à chaîne des ouvriers qui s’affairaient.
« Certains édifices devront être démolis et reconstruits », renchérit le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, qui estime aussi que les travaux prendront du temps dans ces cas-là.
Le secteur Mont-Bleu, à Gatineau, a été un des plus violemment frappés par la tornade. Plus de 200 bâtiments ont été touchés, dont 55 lourdement endommagés. Des centaines de personnes ont été évacuées de 1686 logis.
Les sinistrés ont décrit les toits, les tables de pique-nique et les voitures qui se sont envolés, laissant le quartier avec des allures de zone de guerre. Certains d’entre eux ont pu rentrer chez eux déjà, d’autres ont dû se contenter d’aller récupérer quelques effets et animaux de compagnie hier (voir pages suivantes).
AVANT LA PLUIE
Mandaté pour veiller aux travaux de plusieurs dizaines d’immeubles de la zone frappée, M. Laforest évaluait la tâche à abattre au pas de course hier, se sachant engagé dans une course contre la montre.
La priorité est de « fermer » les toits éventrés par la tornade pour éviter que les 20 à 30 mm de pluie prévus demain n’aggravent les dommages, explique-t-il.
Pendant ce temps, les équipes de la Ville sont aussi au travail. « On a énormément de cols bleus sur le terrain en train de faire le nettoyage, et ce, depuis pratiquement les minutes après la tornade. Nos cols bleus sont au travail nuit et jour », précise le maire.
VIE PAS FACILE
Mais le plus gros défi de la Ville reste d’aider les sinistrés de ce secteur défavorisé.
« C’est des gens qui avaient déjà une vie pas facile parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de revenus, et là, ils sont frappés. Les programmes gouvernementaux agissent surtout à l’aide d’urgence, mais après ça, il faut se refaire une vie », lance-t-il, appelant à des dons en argent à la Croix-Rouge.