Le Journal de Montreal

Des sinistrés devant l’inconnu

Environnem­ent Canada est toujours en train d’évaluer la distance parcourue par l’élément destructeu­r

- VINCENT LARIN

Des centaines de sinistrés de la tornade qui a ravagé un quartier de Gatineau vendredi ne savaient toujours pas hier quand ils pourraient retourner chez eux.

« On m’a dit que ça prendrait une semaine. C’est long de dormir dans son auto tout ce temps. Par chance, je peux aller chez mes soeurs », soupire Aurel Proulx dont le logement était pourtant intact.

Hier, les 237 sinistrés qui ont été hébergés au Cégep de l’Outaouais ont été transférés au centre communauta­ire Père Arthur-Guertin dans des autobus de la Société de transport de l’Outaouais.

CENT LITS DE CAMP

En après-midi, des dizaines de sinistrés aux visages longs attendaien­t patiemment de s’enregistre­r auprès de la CroixRouge. Entre les tables longues disposées dans le centre, des enfants couraient entre des familles visiblemen­t au bout du rouleau.

ACCIDENTS GRAVES

L’organisme prévoyait y loger une centaine de personnes sur des lits de camp hier soir. Plus d’une cinquantai­ne de chambres d’hôtel avaient aussi été mises à la dispositio­n des familles avec de jeunes enfants et des personnes âgées.

« Tout ce qu’on a, c’est le linge qu’on a sur nous, donc désolé si ça sent », a lancé à la blague Normand Côté. Lui et sa femme ne savaient toujours pas quand ils pourraient retourner à leur appartemen­t après être partis en trombe après la tornade en emportant avec eux leur petit chien.

Déjà, les résidents de la « zone rouge » où des toits de maison ont carrément été arrachés ont été avertis qu’ils ne pourraient pas y retourner hier soir, même pour aller chercher des vêtements.

« Vous risquez des accidents graves [si vous tentez d’y retourner] », a averti le chef du service incendie, Denis Doucet, devant une foule bruyante.

« Des écorchures, ce n’est pas grave, mais recevoir un mur de brique dans le dos ou passer à travers le plancher [...] ce n’est pas drôle », a-t-il ajouté.

La réintégrat­ion complète de ces résidents pourrait prendre plusieurs mois, alors que certains bâtiments devront être reconstrui­ts en partie et d’autres en totalité.

PAS D’EAU NI D’ÉLECTRICIT­É

Pour d’autres, ce n’était qu’une question de temps avant que les autorités complètent leurs vérificati­ons, puis redonnent la responsabi­lité des bâti- ments au propriétai­re. Une autre sinistrée rencontrée sur place, Josée Millette, ne se faisait toutefois pas d’illusions.

« Il y a deux ans, je m’étais retrouvée dans la même situation après qu’un feu a endommagé mon immeuble à logement et j’avais été hébergée cinq jours par la Croix-Rouge », a-t-elle expliqué.

Même si son logement était intact, elle craignait de ne pas pouvoir y retourner avant de devoir rentrer au travail aujourd’hui.

De son côté, Elhachemi Bensalem espérait un retour rapide de l’eau et de l’électricit­é dans sa maison, tout en remerciant le ciel qu’elle n’ait pas été endommagée. « Avec ma femme qui est enceinte et mon garçon de 2 ans et demi, il faisait beaucoup trop froid pour rester là », s’inquiétait le père de famille.

La puissante tornade qui a détruit plus d’un millier de résidences à Gatineau et en Ontario a parcouru près de 70 kilomètres avant de s’estomper.

« Cette trajectoir­e demeure à confirmer officielle­ment par des expertises, mais des dommages ont été rapportés de Calabogie, en Ontario, jusqu’au quartier Mont-Bleu à Gatineau. On parle d’une très longue trajectoir­e linéaire d’environ 70 kilomètres à vol d’oiseau », a indiqué Bruno Marquis, météorolog­ue pour Environnem­ent Canada.

Il ajoute dans son « bilan préliminai­re » que les dommages auraient cessé un peu avant d’atteindre le secteur du Casino du Lac-Leamy.

MOYENNE DE 13 KM

Il s’agit d’une distance majeure, puisque la moyenne pour une tornade est de 13 kilomètres, rappelle le météorolog­ue Gilles Brien.

« Les conditions météorolog­iques réunies avaient un énorme potentiel destructeu­r. Parfois, il n’y a pas d’élément déclencheu­r. Sauf que cette fois-ci, on peut dire que ça a pété les plombs. Ça vient rappeler que les tornades, c’est un phénomène sournois et dur à prévoir », ajoute M. Brien.

 ?? PHOTOS VINCENT LARIN ET AGENCE QM, JOËL LEMAY. ?? Les sinistrés Steve Morin et sa fille Shannel se sont rendus à leur résidence du secteur Mont-Bleu pour récupérer des effets personnels. En mortaise, des sinistrés consultent un plan de leur secteur au centre communauta­ire Père Arthur-Guertin à Gatineau.
PHOTOS VINCENT LARIN ET AGENCE QM, JOËL LEMAY. Les sinistrés Steve Morin et sa fille Shannel se sont rendus à leur résidence du secteur Mont-Bleu pour récupérer des effets personnels. En mortaise, des sinistrés consultent un plan de leur secteur au centre communauta­ire Père Arthur-Guertin à Gatineau.
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JOSÉE MILLETTE Sinistrée
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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Des gens observent les dégâts laissés par la tornade sur la rue Georges-Bilodeau, à Gatineau.
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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY De nombreuses toitures ont été arrachées par les vents de la tornade dans le quartier Mont-Bleu, à Gatineau.

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