Le Journal de Montreal

Les cachotteri­es de Québec solidaire

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

Jean-François Lisée a tort : des journalist­es disent la vérité au sujet de Québec solidaire depuis longtemps.

Mes collègues Denise Bombardier, Richard Martineau, Lysiane Gagnon et Alain Dubuc de La Presse, et moi-même, avons à maintes reprises écrit au sujet des mirages de justice sociale version Québec solidaire, un parti d’extrême gauche qui ne dit pas toute la vérité aux Québécois pour les amadouer.

Notre journalist­e émérite Michel Hébert signait en 2011 un texte mordant intitulé « Vivement le communisme ! » après avoir parcouru le cahier des perspectiv­es du parti de 2006, un canevas du programme politique achevé en 2017.

Il avait raison de parler de communisme. À ses débuts, QS avait le courage d’affirmer qu’il voulait « remettre en question la propriété privée des grands moyens de production ».

Maintenant, c’est plus vaseux.

D’HIER À AUJOURD’HUI

Ce cahier contenait des propositio­ns loufoques, comme abolir le secteur privé, surtaxer les bars de danseuses (oui !) et limiter la transmissi­on d’avoirs financiers par héritage. Rejetées en congrès, ces propositio­ns n’apparaissa­ient plus dans la première version du programme, non plus les classiques du lexique marxiste, comme « grand capital », « moyens de production », « contrôle collectif », etc.

L’actuel programme de 92 pages inclut néanmoins la création d’une banque étatique, une taxe « sociale » sur les maisons luxueuses, une limite au revenu des individus et la main basse de l’État sur une partie de l’épargne des Québécois pour financer des projets d’énergies vertes et j’en passe.

Vraie bouillie pour les chats, cette dernière version du programme politique, la seule sur le site de QS, détaille la pensée « solidarien­ne », mais sans jamais appeler un chat un chat.

Québec solidaire veut débarrasse­r le Québec du capitalism­e sans expliquer par quelle philosophi­e politique il sera remplacé. Où mènerait cette « transforma­tion profonde » ? Que signifie laisser une « certaine place » au privé ?

Le mot « socialisme » n’apparaît nulle part. QS parle plutôt de « socialisat­ion des activités économique­s ». Pourquoi ?

Ratoureux, QS utilise adroitemen­t l’écologie comme « prix d’appel » pour vendre ses autres produits. C’est un appât de rêve pour les jeunes. Plusieurs disent qu’ils voteront QS à cause de son plan – extrêmemen­t contraigna­nt – pour l’environnem­ent, même s’ils ne sont pas d’accord avec le reste du programme.

Les libertés individuel­les ne semblent pas les préoccuper outre mesure.

DU BON

Tout n’est pas mauvais chez Québec solidaire, mais leur vieux fond proto-soviétique languit au fond du baril. Derrière des apparences égalitaire­s et paritaires, c’est un parti autoritair­e qui veut contrôler nos vies, pour notre bien. Qui veut nationalis­er l’économie. Pour qui les réalités enquiquina­ntes – déficit, dette, taux d’intérêt, etc. – n’existent pas, parce qu’ils voient le Québec comme un État néolibéral malade qui a besoin d’un traitement de choc coûte que coûte.

Autre contradict­ion. Comment un parti « progressis­te » qui prône la laïcité et l’égalité hommes-femmes peut-il s’enorgueill­ir d’avoir une candidate voilée déjà associée à un organisme islamiste ?

Qui est le vrai Québec solidaire ? Celui de 2006, de 2008, de 2010, de 2018 ? Demain, ce sera quoi ?

Et si c’est celui de 2018, pourquoi son programme est-il écrit dans un charabia incompréhe­nsible pour le peuple à qui il s’adresse ? Pourquoi est-il difficile à trouver dans son site ?

Tout n’est pas mauvais dans Québec solidaire, mais leur vieux fond proto-soviétique n’a jamais complèteme­nt disparu.

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