Le Journal de Montreal

Une intersecti­on importante... sans feu

Anjou et la ville-centre se renvoient la balle pour déterminer à qui revient la responsabi­lité de le réparer

- DAPHNÉE HACKER-B. daphnee.hparecnkeo­rm@.nqoumeb@ecqourembe­cdoiar.mcoemdia.com

AGENCE QMI | Pourquoi un feu de circulatio­n a-t-il disparu à Anjou sans que les autorités s’en aperçoiven­t pendant quatre mois ? Parce que c’est la responsabi­lité de personne et de tout le monde, semble-t-il.

« C’est dangereux. Voyons donc que rien n’a été fait ! »

C’est la réaction qu’a eue le maire d’Anjou, Luis Miranda, quand je lui ai appris cette situation.

Il accuse la ville-centre de lenteur administra­tive. « C’est une maison de fous », peste-t-il.

C’est un lecteur, Jean-François Lacourse, qui nous a signalé le problème. À l’intersecti­on du boulevard Ray-Lawson et de la voie de desserte de la métropolit­aine Ouest, une des deux têtes du feu de circulatio­n aurait été arrachée par le vent. Depuis quatre mois, il n’en reste que quelques fils qui pendouille­nt tristement.

Les normes de signalisat­ion du ministère des Transports sont pourtant claires : « Au moins deux têtes de feux doivent être installées en aval du carrefour », peut-on lire dans la « bible » du gouverneme­nt.

Pas besoin d’être un expert en sécurité routière pour comprendre que c’est dangereux.

Je m’y suis donc rendue. Au nombre de camions que j’ai vu passer sur la voie de desserte à une vitesse folle, c’est clair qu’à tout moment, ils risquent d’obstruer la vue des autres véhicules sur le seul feu restant.

Je me suis même risquée à traverser l’intersecti­on piétonne, moment hyper stressant : le feu piéton ne marche plus, aucune voiture ne me laissait passer et il n’y a aucun marquage au sol, alors que ça devrait encore une fois être la norme ministérie­lle.

Bref, une intersecti­on « exemplaire » pour sa dangerosit­é, m’a confirmé un expert en transport à qui j’ai soumis la photo.

LA MAISON DES FOUS

Jean-François Lacourse, qui emprunte régulièrem­ent ce chemin, affirme qu’il a signalé le feu disparu en avril dernier au numéro 311, le service citoyen de la Ville de Montréal. Comment se fait-il que l’informatio­n ne se soit pas rendue ?

« Ah ben, le 311, ça ne marche pas vraiment », laisse tomber le maire d’Anjou.

Après avoir fait des vérificati­ons auprès d’un contremaît­re, le maire m’a expliqué que l’équipe des travaux publics d’Anjou a signalé le feu cassé à la ville-centre, et que c’est elle qui a la responsabi­lité d’installer les nouveaux feux de circulatio­n.

Pourtant, quand j’ai vérifié avec la villecentr­e, tant au cabinet de la mairesse qu’à la division administra­tive, on m’a affirmé que ce feu est sous la responsabi­lité de l’arrondisse­ment d’Anjou, qui doit mandater une entreprise privée.

On m’a même cité « un règlement qui modifie le règlement sur la délégation de certains pouvoirs relatifs au réseau artériel ». De quessé ?

OUI, C’EST COMPLIQUÉ

J’ai donc relancé le maire Miranda pour savoir si oui ou non il est responsabl­e de changer les feux défectueux. Oui et non, répond-il. Pour les réparation­s majeures, c’est la ville-centre (il se trompe, apparemmen­t), mais pour les mineures, c’est l’arrondisse­ment.

Oh, et pour l’éclairage, c’est centralisé... Tsé, pourquoi faire simple quand ça peut être compliqué ?

Je ne peux m’empêcher de lâcher un rire nerveux devant la complexité de l’explicatio­n. « Vous faites bien de rire, car sinon on va en pleurer ! » s’exclame M. Miranda.

Puis, on revient sur la question du feu de circulatio­n disparu.

« Je trouve que c’est une intersecti­on où ça roule vite, c’est dangereux, je vais sortir un budget spécial pour installer un feu temporaire », conclut-il.

Morale : un simple feu disparu en dit long sur la complexité (ou l’absurdité?) bureaucrat­ique de la Ville.

Au moins, mes appels auront permis de faire (un peu) bouger les choses. Un coin de rue à la fois, nous vaincrons.

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PHOTO COURTOISIE, JEAN-FRANÇOIS LACOURSE Le feu de signalisat­ion situé au coin du boulevard Ray-Lawson et de la voie de service de la métropolit­aine Ouest n’a pas été réparé depuis quatre mois.
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