Une intersection importante... sans feu
Anjou et la ville-centre se renvoient la balle pour déterminer à qui revient la responsabilité de le réparer
AGENCE QMI | Pourquoi un feu de circulation a-t-il disparu à Anjou sans que les autorités s’en aperçoivent pendant quatre mois ? Parce que c’est la responsabilité de personne et de tout le monde, semble-t-il.
« C’est dangereux. Voyons donc que rien n’a été fait ! »
C’est la réaction qu’a eue le maire d’Anjou, Luis Miranda, quand je lui ai appris cette situation.
Il accuse la ville-centre de lenteur administrative. « C’est une maison de fous », peste-t-il.
C’est un lecteur, Jean-François Lacourse, qui nous a signalé le problème. À l’intersection du boulevard Ray-Lawson et de la voie de desserte de la métropolitaine Ouest, une des deux têtes du feu de circulation aurait été arrachée par le vent. Depuis quatre mois, il n’en reste que quelques fils qui pendouillent tristement.
Les normes de signalisation du ministère des Transports sont pourtant claires : « Au moins deux têtes de feux doivent être installées en aval du carrefour », peut-on lire dans la « bible » du gouvernement.
Pas besoin d’être un expert en sécurité routière pour comprendre que c’est dangereux.
Je m’y suis donc rendue. Au nombre de camions que j’ai vu passer sur la voie de desserte à une vitesse folle, c’est clair qu’à tout moment, ils risquent d’obstruer la vue des autres véhicules sur le seul feu restant.
Je me suis même risquée à traverser l’intersection piétonne, moment hyper stressant : le feu piéton ne marche plus, aucune voiture ne me laissait passer et il n’y a aucun marquage au sol, alors que ça devrait encore une fois être la norme ministérielle.
Bref, une intersection « exemplaire » pour sa dangerosité, m’a confirmé un expert en transport à qui j’ai soumis la photo.
LA MAISON DES FOUS
Jean-François Lacourse, qui emprunte régulièrement ce chemin, affirme qu’il a signalé le feu disparu en avril dernier au numéro 311, le service citoyen de la Ville de Montréal. Comment se fait-il que l’information ne se soit pas rendue ?
« Ah ben, le 311, ça ne marche pas vraiment », laisse tomber le maire d’Anjou.
Après avoir fait des vérifications auprès d’un contremaître, le maire m’a expliqué que l’équipe des travaux publics d’Anjou a signalé le feu cassé à la ville-centre, et que c’est elle qui a la responsabilité d’installer les nouveaux feux de circulation.
Pourtant, quand j’ai vérifié avec la villecentre, tant au cabinet de la mairesse qu’à la division administrative, on m’a affirmé que ce feu est sous la responsabilité de l’arrondissement d’Anjou, qui doit mandater une entreprise privée.
On m’a même cité « un règlement qui modifie le règlement sur la délégation de certains pouvoirs relatifs au réseau artériel ». De quessé ?
OUI, C’EST COMPLIQUÉ
J’ai donc relancé le maire Miranda pour savoir si oui ou non il est responsable de changer les feux défectueux. Oui et non, répond-il. Pour les réparations majeures, c’est la ville-centre (il se trompe, apparemment), mais pour les mineures, c’est l’arrondissement.
Oh, et pour l’éclairage, c’est centralisé... Tsé, pourquoi faire simple quand ça peut être compliqué ?
Je ne peux m’empêcher de lâcher un rire nerveux devant la complexité de l’explication. « Vous faites bien de rire, car sinon on va en pleurer ! » s’exclame M. Miranda.
Puis, on revient sur la question du feu de circulation disparu.
« Je trouve que c’est une intersection où ça roule vite, c’est dangereux, je vais sortir un budget spécial pour installer un feu temporaire », conclut-il.
Morale : un simple feu disparu en dit long sur la complexité (ou l’absurdité?) bureaucratique de la Ville.
Au moins, mes appels auront permis de faire (un peu) bouger les choses. Un coin de rue à la fois, nous vaincrons.