Le Journal de Montreal

Les lois de la finance transposée­s au théâtre

L’art de la chute transpose, avec humour, le spectateur dans le monde de l’argent

- EMMANUEL MARTINEZ Jusqu’au 29 septembre au Théâtre La Licorne

Quelle est la valeur des choses ? C’est avec pédagogie, intelligen­ce et humour que L’art de la chute dresse un parallèle exquis entre la finance et l’art contempora­in au Théâtre La Licorne.

Ayant en filigrane des faits réels, soit la chute de la banque d’investisse­ment Lehman Brothers ainsi qu’un encan sans précédent de l’artiste britanniqu­e Damien Hirst en septembre 2008, cette pièce pose la question de l’influence de l’économie dans nos vies, et plus spécifique­ment dans l’art, malheureus­ement aussi dominé par l’argent.

On suit donc Alice, une artiste québécoise en résidence à Londres, en mal d’inspiratio­n, qui rencontre un trader qui a fait fortune grâce à la crise financière de 2008, mais qui est aussi engagé dans le marché de l’art contempora­in. Leur relation la propulsera dans les hautes sphères de son domaine.

LE TEMPS FILE

Même si la pièce est longue, le temps file à la vitesse de l’éclair. La première partie est plus didactique. On y aborde davantage certains phénomènes financiers ou liés au monde de l’art, tandis que la seconde se concentre sur le sort des personnage­s. Un bel équilibre.

L’enchaîneme­nt rapide de tableaux disparates autant dans leur forme et que leur fond offre du rythme et de l’originalit­é. Par exemple, on navigue d’explicatio­ns sur les lois du libéralism­e économique en se basant sur la vente de homard, à un karaoké en passant par un bulletin de nouvelles. Le tout parsemé d’humour de qualité. Un solide travail du metteur en scène Jean-Philippe Joubert pour cette production qui a gagné un prix de la critique de Québec, après y avoir été présentée l’an dernier au Théâtre Périscope.

UN TRAIN D’ENFER

Ce spectacle se déroule donc à un train d’enfer. Les comédiens Jean-Michel Girouard, Simon Lepage, Danielle Le Saux-Farmer, Marianne Marceau et Pascale Renaud-Hébert jonglent habilement avec différents personnage­s, sautant avec aisance d’un accent français à l’anglais britanniqu­e ou américain.

Réussie, la fin révèle les blessures des deux anciens amants. Comme dans les forces du marché, il y aurait donc un gagnant et un perdant ? « Mais moi, je ne jouais pas. J’étais amoureux de toi », dira l’un des protagonis­tes.

Allez voir cette oeuvre, ne serait-ce que pour découvrir qui l’affirme. Cela pourrait vous surprendre.

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PHOTO COURTOISIE VINCENT CHAMPOUX Une scène de L’art de la chute, une offrande de Nuage en pantalon.

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