Le Journal de Montreal

La démolition commence

Des dizaines d’édifices abîmés par la tempête risquent d’être rasés à Gatineau

- SARAH BÉLISLE, CHRISTOPHE­R NARDI ET GUILLAUME ST-PIERRE

Un premier immeuble a été mis à terre hier sous la pluie à Gatineau et des dizaines d’autres suivront.

GATINEAU | Un des bâtiments frappés de plein fouet par la tornade de vendredi a été démoli sous la pluie hier. Le premier d’une série d’immeubles à logements qui subiront le même sort.

« On l’enlève de là pour la sécurité des gens », explique Philippe Lalande, employé de Brigil Constructi­on, la compagnie propriétai­re de l’édifice en question.

Endommagé par la tornade de catégorie F3 (230 km/h) qui a fouetté l’Outaouais vendredi, l’immeuble de 12 logis situé au coin des rues Jumonville et Daniel-Johnson à Gatineau était une perte totale, continue-t-il, regardant les murs tomber les uns après les autres. Il estime le coût de sa reconstruc­tion à 2 millions $.

La pelle mécanique a mis un bon moment à éventrer, puis raser l’édifice, laissant entrevoir ici et là des objets de la vie quotidienn­e des sinistrés : des vêtements, une affiche, des lampes, une chaise, un sofa.

VILLAGE FANTÔME

Le bruit de la démolition retentissa­it dans les rues. Le secteur avait pris des allures de village fantôme sous la pluie, avec des appartemen­ts vides, délabrés et, bien souvent, placardés.

Jusqu’à 55 bâtiments sont susceptibl­es d’être démolis dans le secteur Mont-Bleu, changeant le visage de ce quartier défavorisé pour de bon. La décision revient aux propriétai­res.

Les dégâts causés sont considérab­les. Au total, plus de 200 bâtiments ont été touchés, dont 55 lourdement. Plusieurs experts ont estimé les dégâts à environ 50 M$.

Des dommages qui pourraient encore prendre de l’ampleur. Après la faible pluie d’hier, d’autres précipitat­ions sont prévues aujourd’hui, avec des risques d’orages cette fois. Il faut savoir que plusieurs toits ont été arrachés par les vents, en tout ou en partie.

TEMPÊTE REDOUTÉE

« Le pire scénario pour la météo est si la pluie était pour continuer à tomber et qu’il commence à avoir des vents plus puissants avec une tempête », s’inquiète Éric Pichette, président de la firme de nettoyage après sinistre Qualinet.

« Si le vent lève, il y aura peut-être des toiles [qui couvrent des toits et des brèches dans les murs qui] ne resteront pas en place et la pluie va s’infiltrer partout. Là, les dommages pourront être catastroph­iques. »

De plus, les travailleu­rs ont beau avoir tout fait pour recouvrir le plus d’édifices possible lundi, plusieurs structures restaient à la merci des éléments hier, avec des trous béants.

« C’est quand même beaucoup d’eau qui était prévue mardi [hier] et mercredi [aujourd’hui] et qui va endommager de façon importante les structures et bâtiments, dit M. Pichette. Il faut assécher et reconstrui­re, ou du moins refermer la toiture, assez rapidement. Maintenant, on fait affaire avec de la pluie et possibleme­nt du vent. Mais bientôt, on va commencer à avoir le froid et du gel, ce qui affecte la plomberie. »

ÉLECTRICIT­É

D’autant plus que de nombreux bâtiments qui n’ont pas été endommagés au point d’être démolis n’ont toujours pas d’électricit­é.

Pour sa part, la Ville de Gatineau a annoncé hier avoir mis en place un processus accéléré pour les demandes de permis de constructi­on et les certificat­s de démolition­s pour faciliter la vie des propriétai­res des édifices sinistrés.

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PHOTO SARAH BÉLISLE Le Journal a visité des immeubles aux toits arrachés, laissant la pluie d’hier s’écouler jusqu’aux étages inférieurs.

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