La démolition commence
Des dizaines d’édifices abîmés par la tempête risquent d’être rasés à Gatineau
Un premier immeuble a été mis à terre hier sous la pluie à Gatineau et des dizaines d’autres suivront.
GATINEAU | Un des bâtiments frappés de plein fouet par la tornade de vendredi a été démoli sous la pluie hier. Le premier d’une série d’immeubles à logements qui subiront le même sort.
« On l’enlève de là pour la sécurité des gens », explique Philippe Lalande, employé de Brigil Construction, la compagnie propriétaire de l’édifice en question.
Endommagé par la tornade de catégorie F3 (230 km/h) qui a fouetté l’Outaouais vendredi, l’immeuble de 12 logis situé au coin des rues Jumonville et Daniel-Johnson à Gatineau était une perte totale, continue-t-il, regardant les murs tomber les uns après les autres. Il estime le coût de sa reconstruction à 2 millions $.
La pelle mécanique a mis un bon moment à éventrer, puis raser l’édifice, laissant entrevoir ici et là des objets de la vie quotidienne des sinistrés : des vêtements, une affiche, des lampes, une chaise, un sofa.
VILLAGE FANTÔME
Le bruit de la démolition retentissait dans les rues. Le secteur avait pris des allures de village fantôme sous la pluie, avec des appartements vides, délabrés et, bien souvent, placardés.
Jusqu’à 55 bâtiments sont susceptibles d’être démolis dans le secteur Mont-Bleu, changeant le visage de ce quartier défavorisé pour de bon. La décision revient aux propriétaires.
Les dégâts causés sont considérables. Au total, plus de 200 bâtiments ont été touchés, dont 55 lourdement. Plusieurs experts ont estimé les dégâts à environ 50 M$.
Des dommages qui pourraient encore prendre de l’ampleur. Après la faible pluie d’hier, d’autres précipitations sont prévues aujourd’hui, avec des risques d’orages cette fois. Il faut savoir que plusieurs toits ont été arrachés par les vents, en tout ou en partie.
TEMPÊTE REDOUTÉE
« Le pire scénario pour la météo est si la pluie était pour continuer à tomber et qu’il commence à avoir des vents plus puissants avec une tempête », s’inquiète Éric Pichette, président de la firme de nettoyage après sinistre Qualinet.
« Si le vent lève, il y aura peut-être des toiles [qui couvrent des toits et des brèches dans les murs qui] ne resteront pas en place et la pluie va s’infiltrer partout. Là, les dommages pourront être catastrophiques. »
De plus, les travailleurs ont beau avoir tout fait pour recouvrir le plus d’édifices possible lundi, plusieurs structures restaient à la merci des éléments hier, avec des trous béants.
« C’est quand même beaucoup d’eau qui était prévue mardi [hier] et mercredi [aujourd’hui] et qui va endommager de façon importante les structures et bâtiments, dit M. Pichette. Il faut assécher et reconstruire, ou du moins refermer la toiture, assez rapidement. Maintenant, on fait affaire avec de la pluie et possiblement du vent. Mais bientôt, on va commencer à avoir le froid et du gel, ce qui affecte la plomberie. »
ÉLECTRICITÉ
D’autant plus que de nombreux bâtiments qui n’ont pas été endommagés au point d’être démolis n’ont toujours pas d’électricité.
Pour sa part, la Ville de Gatineau a annoncé hier avoir mis en place un processus accéléré pour les demandes de permis de construction et les certificats de démolitions pour faciliter la vie des propriétaires des édifices sinistrés.