Ouellette torpillait son propre parti ?
Deux adresses reliées au député libéral ont envoyé à la CAQ des courriels compromettants pour le PLQ
Deux adresses courriel associées au député libéral Guy Ouellette ont servi à transmettre de l’information à la Coalition avenir Québec pour embarrasser le gouvernement de Philippe Couillard, a appris notre Bureau d’enquête.
Trois courriels provenant de ces adresses ont été reçus le 30 novembre 2016 par l’aile parlementaire caquiste.
Ils contenaient des informations sur les liens entre l’homme d’affaires controversé Luigi Coretti et Pietro Perrino, un militant libéral nommé il y a quatre ans haut fonctionnaire dans le ministère de M. Couillard.
Le lendemain de l’échange de courriels, le 1er décembre 2016, le député caquiste Simon Jolin-Barrette a réclamé la démission de M. Perrino en se référant aux informations transmises à partir des adresses associées à M. Ouellette.
Cette intervention avait soulevé l’indignation du leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier.
« Je crois que nous devrions respecter les personnes qui travaillent dans la fonction publique », avait-il dit.
Guy Ouellette a rétorqué hier qu’il n’a aucun souvenir d’avoir transmis des informations à l’aile parlementaire caquiste en novembre 2016.
« Au moment où je vous parle, je ne peux pas vous répondre », a-t-il dit en entrevue téléphonique, en affirmant que ces courriels ne lui disent « absolument rien ».
Rien ne permet de conclure hors de tout doute que M. Ouellette est celui qui a appuyé sur le bouton « envoyer » pour chacun de ces messages.
À QUI LA FAUTE ?
M. Ouellette a évoqué la possibilité que l’Unité permanente anticorruption (UPAC) soit à l’origine de ces échanges. Il a rappelé que le corps policier a saisi des documents lui appartenant quand il a été arrêté, en octobre dernier, en lien avec des fuites de renseignements policiers dans les médias.
Selon M. Ouellette, qui n’a pas été accusé dans ce dossier, M. Coretti avait également des échanges avec la CAQ, ce que le principal intéressé a nié.
« Quand mes courriels sont sortis, j’ai demandé à la CAQ où ils avaient eu ça », a dit M. Coretti.
Ces documents montraient que M. Perrino a réclamé à plusieurs reprises à M. Coretti, en 2009 et 2010, la preuve que son entreprise de sécurité, BCIA, avait une place d’affaires au Saguenay.
M. Perrino était dirigeant d’un FIER au Saguenay, qui avait investi dans l’entreprise de M. Coretti, dont les activités étaient principalement dans la région montréalaise.
Dans un entretien, hier, M. Coretti a accusé M. Perrino d’avoir fait une fausse déclaration sur l’existence d’une place d’affaires de BCIA au Saguenay. « On avait dit à M. Perrino qu’on n’était pas prêts à ouvrir un bureau au Saguenay. On n’était pas rendu là. […] C’est lui qui a voulu faire croire ça, pas nous autres. »
√ Deux sources, dont Luigi Coretti, ont confirmé qu’une des deux adresses utilisées pour transmettre deux des courriels apparaissait dans leur répertoire sous le nom de M. Ouellette.
√ Une autre source a quant à elle confirmé que M. Ouellette, candidat dans la circonscription lavalloise de Chomedey, était associé à l’envoi d’un troisième courriel le même jour que les deux autres.