Une heure en train, 1 h 40 en auto et autobus
TROIS TRAJETS, TROIS RÉALITÉS
Nos journalistes se sont rendus à 7 h 30 à la gare de Deux-Montagnes avec l’objectif de se rendre au plus vite au square Victoria, en plein coeur de Montréal. Ils ont pris en note leurs temps de passage et font partager leur expérience.
Le plan de remplacement au train pendant les travaux crée de sérieux maux de tête aux usagers
Il a fallu près de 1 h 40 de métro et d’autobus au lieu des 50 minutes habituelles avec le train pour se rendre à Montréal de Deux-Montagnes, preuve que le plan B des autorités pour compenser la diminution du service de train ne fonctionne pas.
Retards, horaires modifiés, wagons bondés. Les usagers de la ligne de train de Deux-Montagnes subissent de plein fouet les contrecoups des travaux du Réseau express métropolitain (REM).
Face à leur grogne, les autorités affirment qu’il existe des alternatives au train, comme le covoiturage ou un cocktail de transports alternatifs, alliant autobus et métro. Un dépliant a même été distribué la semaine dernière (voir autre texte).
C’est pourquoi Le Journal, le 24 Heures et l’équipe numérique de Québecor ont voulu tester ces propositions en orgnisant « une course » entre un automobiliste, un usager du train et un usager du fameux « cocktail ».
Conclusion ? Le train reste la meilleure option. Au total, le temps perdu dans les transports double si l’on ne prend pas le train.
« C’était prévisible, aucune véritable alternative n’a été pensée en amont, lâche Florence Junca-Adenot, spécialiste des transports qui enseigne à l’UQAM. Ça sent l’improvisation. »
COCKTAIL INDIGESTE
Au départ de la gare de Deux-Montagnes, le dépliant propose d’embarquer à bord de l’autobus 80, 81 ou 92, puis de prendre l’autobus 8 et terminer avec la ligne orange du métro.
Outre l’inconfort de devoir changer deux fois de transport, Le Journal a pu constater que ce trajet est méconnu des employés d’Exo, qui opère pourtant les autobus. De plus, le point d’embarquement situé sur une piste cyclable sans abribus est très mal indiqué.
Enfin, sans abonnement à la carte TRAM, il n’est pas possible d’acheter son titre à l’avance. Il faut payer 4,50 $ en petite monnaie en montant dans l’autobus, puis acheter un second billet à l’entrée du métro.
« On ne facilite pas la vie des voyageurs », déplore Philippe Cousineau-Morin, directeur de Trajectoire Québec, un organisme de défense des droits des usagers.
Pourtant, ces alternatives au train deviennent de plus en plus pressantes. Depuis ce printemps, les usagers ont vu leur service de train interrompu la fin de semaine, les horaires modifiés et quatre départs en semaine supprimés.
À bout de nerfs, ils ont lancé sur les réseaux sociaux le mot-clic « exospérés », inspiré du nom de la société de transport Exo, qui opère les trains de banlieue.
La situation chaotique actuelle n’est qu’un avant-goût de 2020, moment où les travaux du REM forceront la fermeture à mi-parcours pendant quatre ans de cette ligne qu’empruntent près de 15 000 personnes par jour. Mais déjà, Exo reconnaît qu’elle ne peut plus garantir la ponctualité de son service.
VRAIES OPTIONS
« Le changement est majeur pour des milliers de personnes, insiste M. Cousineau-Morin. Ça prend de vraies options, comme des voies réservées efficaces, et une meilleure communication des autorités. »
Il estime également que le covoiturage n’est pas une solution suffisante.
« On ne peut pas mettre des milliers d’usagers dans des autos, le réseau est déjà saturé », dit-il.
Notre test confirme que les autoroutes 13 et 15 sont fortement congestionnées aux heures de pointe et ne disposent pas d’assez de voies réservées pour rendre le covoiturage attrayant.