La victime d’un « pimp » anéantie 4 ans plus tard
Quatre ans après avoir subi l’enfer aux mains d’un proxénète qui la traitait « comme un animal », une jeune diplômée de Québec se sent toujours anéantie, a-telle déploré hier aux plaidoiries sur sentence de son bourreau.
« Serge Murenzi m’a détruite psychologiquement. Cet homme a hypothéqué ma vie. Mon avenir est présentement sur la glace », a déclaré la victime du proxénète, dans une lettre déposée en cour.
De 2010 à 2014, la jeune femme a vécu à Montréal sous le joug du proxénète de 34 ans. Pourtant, lorsqu’ils s’étaient rencontrés, la victime croyait être tombée sur l’homme de sa vie. Avenant et attentionné, Murenzi semblait avoir tout pour plaire.
DU RÊVE AU CAUCHEMAR
Mais le rêve de la jeune femme s’est transformé en cauchemar un mois plus tard.
« Les épisodes de violence débutent et une relation de dépendance et de soumission s’installe », a résumé la juge Mylène Grégoire en déclarant l’accusé coupable de traite de personne, de proxénétisme et de voies de fait causant des lésions.
Pour la procureure Louise Blais, Murenzi mérite six années de pénitencier vu l’ampleur de ses crimes. L’avocate de la défense, Vicky Powell, estime que 30 mois d’incarcération seraient suffisants.
La jeune femme, qui a comparé sa vie à celle d’un « animal qui obéit à son maître », avait expliqué au procès l’an passé qu’elle s’était rapidement retrouvée isolée et maltraitée.
« Il me battait, me dénigrait, m’insultait et m’obligeait parfois à l’écouter parler durant 12 heures, sans arrêt », a-t-elle dit.
CERCLE VICIEUX
Et gare à elle si elle osait répondre à Murenzi. Le proxénète devenait alors violent et la battait, si bien qu’elle travaillait moins. Elle se faisait alors maltraiter encore plus.
En quatre ans, elle estime avoir remis 185 000 $ à Murenzi, qui ne lui laissait rien.
« Je voudrais tant que ce bout de ma vie soit enrayé, n’être plus traumatisée par ce que j’ai subi, que cette expérience cesse de me hanter », a-t-elle écrit dans sa lettre.
Murenzi, qui continue de nier être un proxénète, connaîtra sa sentence le mois prochain. Selon un membre de la diaspora rwandaise qui l’a côtoyé, Murenzi est « sociable et vit en harmonie avec les membres de [sa] communauté ».