Excuses « latentes »
L’ire de Philippe Couillard, hier, était non seulement réelle, mais légitime.
François Legault, en laissant entendre que le chef libéral aurait pu cacher de l’argent à l’étranger, a dépassé les bornes.
Il l’a fait en répondant en tant que « comptable » à une question sur l’intrigante notion « d’impôts latents », présente dans le bilan financier de M. Couillard.
TROIS ZÉROS
À user de son métier tel un argument d’autorité, on s’expose.
23 octobre 2012 : point de presse de François Legault et Christian Dubé. M. Legault, après avoir rappelé que son député et lui sont CPA (comptables professionnels agréés), avait confondu des milliards et des millions ; et des millions et des centaines de milliers de $. « J’ai trois zéros de trop, aujourd’hui », avaitil finalement admis en souriant.
Certes, cela peut arriver à tout le monde. Mais hier, en choisissant de réduire les « impôts latents » à de possibles sommes venant de l’étranger, M. Legault savait très bien ce qu’il faisait.
EXCUSES LATENTES
Ses excuses resteront latentes. Il a refusé de les offrir explicitement. Tout en notant que, si c’était à refaire, il ne répondrait plus à la question.
Souvent attaqué de manière malicieuse par les libéraux, M. Legault a peut-être inconsciemment souhaité leur remettre la monnaie de leur pièce.
Pensez à Mohammed Barhone, candidat libéral dans Taillon, filmé en train de dire à des membres de sa communauté que la CAQ allait « faire le nettoyage de l’immigration » !
Pensez aussi au ministre des Finances, Carlos Leitao, qui – lui aussi à des membres d’une communauté – a soutenu que la CAQ faisait dans le « nationalisme ethnique ».
Le premier, Barhone, s’est excusé. Toutefois, lorsque, jeudi dernier, j’ai voulu revenir avec le second sur la notion de « nationalisme ethnique », il s’est défilé non sans couardise, en disant que ce n’était pas le sujet du jour.
Hier, M. Couillard a finalement commenté : « Ce n’est pas mon parti [qui a dit nationalisme ethnique], c’est quelqu’un de notre équipe. »
Excuses passablement « latentes », vous en conviendrez.