Nuage noir sur l’emploi
Peu importe le parti qui remportera la victoire lundi prochain, les perspectives de création d’emplois s’annoncent plutôt sombres au cours des prochaines années.
En effet, aussi incroyable que cela puisse paraître, le Québec devrait connaître de 2019 à 2022 son plus mauvais cycle de 4 ans au chapitre de la création d’emplois, et ce, depuis 1995.
Selon le rapport préélectoral de la Vérificatrice générale sur l’état des finances publiques du Québec, lequel est basé sur le dernier budget libéral du ministre Carlos Leitao, on prévoit la création de seulement 94 100 emplois au cours de cette période, soit : 2019 : 30 500 emplois 2020 : 23 500 emplois 2021 : 20 100 emplois 2022 : 20 000 emplois
Ce qui donne une moyenne annuelle de 23 525 nouveaux emplois. Cela représente moins de la moitié des emplois créés annuellement depuis les 23 dernières années.
En se basant sur les données annuelles de l’emploi compilées par Statistique Canada et l’Institut de la statistique du Québec, il faut savoir que de 1995 (sous le gouvernement Parizeau) à la fin de 2017 (sous le gouvernement Couillard), il s’est créé en moyenne quelque 49 065 emplois par année.
LE PROBLÈME
Depuis mai dernier, le gouvernement Couillard se vante d’avoir adopté une prometteuse stratégie nationale sur la main-d’oeuvre 2018-2023.
Cette stratégie nationale renferme 47 mesures pour soutenir la maind’oeuvre québécoise et adapter les milieux de travail. Coût total de la nouvelle stratégie gouvernementale : 1,34 milliard de dollars.
Cet investissement gouvernemental s’ajoute au 1,2 milliard que le gouvernement Couillard avait antérieurement consacré aux mesures mises en place « pour répondre aux défis » du marché du travail.
Question : compte tenu de cette « stratégie » et de la relative bonne croissance économique des prochaines années, sur quoi repose le problème de la croissance anémique de l’emploi d’ici 2023 ?
Tout semble pointer vers une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée pour combler les emplois offerts.
Eh oui ! Il appert que ce ne sont pas les jobs qui vont manquer au Québec d’ici 2023, mais plutôt une maind’oeuvre « suffisante » et « compétente » pour les occuper.
À QUI LA FAUTE ?
Le développement d’une maind’oeuvre qualifiée, c’est la responsabilité de l’État. À preuve, le gouvernement Couillard vient de décider de s’attaquer à ce problème avec l’adoption de sa nouvelle stratégie nationale sur la main-d’oeuvre.
Belle initiative… mais pourquoi a-t-il attendu le 22 mai 2018, soit quatre ans après son arrivée au pouvoir, pour adopter une telle stratégie ?
Aussi bonne soit-elle, cette stratégie ne pourra s’avérer efficace que dans plusieurs années.
D’ici ce temps-là, nos entreprises manqueront d’employés qualifiés. Et la création de nouveaux emplois n’en restera que plus faible. Et c’est toute l’économie du Québec qui s’en ressentira.
RETOUR SUR L’ANNÉE 2018
Dans son dernier budget à saveur électorale, le ministre Carlos Leitao a prévu la création de 60 600 emplois en 2018. La Vérificatrice générale, elle, a ramené la prévision à 59 200 emplois.
À la lumière de la mauvaise performance enregistrée au cours des huit premiers mois de l’année sur le marché du travail au Québec, il faudra rien de moins qu’un miracle pour voir les prévisions du ministre et de la Vérificatrice se matérialiser en 2018.
Je leur rappelle qu’il s’est perdu au Québec quelque 32 600 emplois durant les huit premiers mois de l’année.
Voilà pourquoi la création de 222 800 emplois prévue dans le tableau ciaprès pour le cycle de 2015–2018 de Philippe Couillard a de fortes chances d’être révisée à la baisse.