Fermeture forcée d’un bar de danseuses lié aux Hells
Le Pink Paradise gravitait dans le monde criminalisé, selon la Régie des alcools
Un club de danseuses de Laval sur lequel planait l’ombre des Hells Angels vient de payer très cher sa popularité auprès du crime organisé.
Le cabaret Pink Paradise a dû fermer ses portes quand la Régie des alcools, des courses et des jeux a révoqué ses permis de bar et sa licence de loterie vidéo, à la fin août, en concluant que ce bar et son propriétaire, Benoit Séguin, « gravitent dans le monde criminalisé ».
La clientèle de ce bar à la façade rose et ouvert depuis plus de 20 ans était constituée d’un nombre « impressionnant » d’individus ayant un casier judiciaire ou oeuvrant « dans l’entourage du crime organisé », selon la Régie, en parlant de situation « préoccupante ».
NOUVEAU CHEF DES HELLS
La police y a notamment vu le nouveau leader allégué des Hells, Mario Brouillette, ainsi que plusieurs membres d’un des clubs supporteurs de la bande de motards, les Minotaures.
« Ce n’est pas le fruit du hasard », a avancé la Régie, en rappelant que les Hells s’enrichissent « principalement par le trafic de stupéfiants » et qu’il est « notoire » que les trafiquants sévissent dans des bars.
« CONTRÔLE SIGNIFICATIF »
La Régie a aussi déploré qu’un ami de Benoit Séguin, Charles Huneault, qui est un homme d’affaires proche des Hells, exerçait « un contrôle signifi- catif » et un « intérêt constant » sur les affaires du Pink Paradise.
Le 23 août 2006, ce prêteur privé avait notamment vu sa Porsche criblée de balles sur la rue Peel, au centre-ville de Montréal, par l’aspirant parrain Lorenzo Giordano à la suite d’une altercation avec le mafioso Francesco Del Balso, au restaurant-bar Cavalli.
En plus d’évoquer cet incident, la Régie a rappelé que Huneault avait été filmé au mariage de l’ex-chef des Hells, Salvatore Cazzetta, en 2013, et qu’il a des « liens d’affaires » avec l’ancien président des Hells du chapitre de Sherbrooke, Guy « Malin » Rodrigue.
Son frère Martin Huneault a aussi dirigé les Death Riders, le défunt clubécole des Hells à Laval, avant d’être assassiné en 1987.
L’immeuble abritant le Pink Paradise est également la propriété de la conjointe de Charles Huneault, ce qui n’est pas un hasard, d’après la décision des régisseurs Yolaine Savignac et Jean Lepage. Selon eux, Benoit Séguin a fait preuve de « complaisance ».
« À moins qu’il ne soit complètement inconscient, M. Séguin devait connaître les relations criminelles de Charles Huneault [...] et faire en sorte de s’en éloigner le plus possible », a tranché la Régie, en constatant l’absence de « volonté claire » du tenancier à corriger ces problèmes.
Benoit Séguin, qui n’a pas d’antécédent judiciaire et qui n’avait jamais été sanctionné par la Régie auparavant, a porté la cause du bar en appel.
Il a toutefois essuyé un autre revers à la mi-septembre quand la cour a refusé d’ordonner la suspension provisoire de la décision de la Régie en attendant de réviser l’affaire, ce qui pourrait prendre plusieurs mois.