Déménagement en toute hâte
Des centaines de fonctionnaires emménagent dans un immeuble vide qui est dans la mire de l’UPAC
QUÉBEC | Des centaines de fonctionnaires du ministère des Transports doivent déménager à la hâte dans des locaux vacants depuis quatre ans au centre-ville de Québec, dont le contrat de location est sous la loupe de l’UPAC.
La Société québécoise des infrastructures (SQI) débourse 4,7 millions $ par année pour la location des espaces de bureaux, d’entrepôts et de locaux spécialisés du 800, rue D’Youville, à Québec.
En avril 2018, 45 % de ces locaux étaient vacants, ce qui représente un coût de 2,1 M$ sur la facture annuelle. Selon un rapport de la vérificatrice générale, depuis 2013, le montant du loyer des locaux inoccupés pour cet immeuble s’élève à 5,3 M$.
Le Journal a appris que 400 employés du ministère des Transports (MTQ) ont dû déménager soudainement sur D’Youville, et ce, avant la fin du mois de septembre.
« La SQI vient régler définitivement la situation des espaces vacants », plaide le porte-parole de la société Martin Roy, ajoutant que les employés se rapprochaient ainsi du siège social du MTQ.
Depuis l’élection des libéraux en 2014, le taux d’inoccupation de l’immeuble a grimpé de 41 % pour ce bâtiment qui est dans la mire de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en raison d’une transaction qui pourrait être liée à un bail signé à long terme avec le gestionnaire de l’immeuble.
D’ailleurs, selon nos informations, un chèque de plus de 2,5 M$ a été saisi au 800, D’Youville dans le cadre de l’enquête Justesse de l’UPAC (voir encadré).
ENTENTE « DÉSAVANTAGEUSE »
Afin de réaménager les lieux avant d’accueillir les fonctionnaires d’ici la fin septembre, la SQI a conclu un nouveau contrat de près de 200 000 $ avec Édifice d’Youville, de gré à gré, pour l’installation de tapis, de câblage informatique et d’un système de contrôle d’accès.
Une clause permet à la société de se munir de son option de renouvellement avant la fin de l’entente pour le bail du 800, rue D’Youville. La SQI a confirmé au Journal que « différents scénarios sont à l’étude ».
En 2004, la SQI a renouvelé un bail de 17 ans avec Édifice d’Youville, le gestionnaire de l’immeuble au Registraire des entreprises du Québec.
La vérificatrice générale du Québec a indiqué en juin qu’il s’agissait d’une entente « désavantageuse » pour l’État, alors que la règle suggère une durée maximale de 10 ans pour les baux.
Le contrat doit se terminer d’ici 2021 et aura permis aux actionnaires de l’immeuble de se mettre un total de 72,6 M$ dans les poches.
« SORTIR DE CET IMMEUBLE »
Pourtant, un an avant la signature, le vice-président responsable de la gestion des espaces et des transactions immobilières, qui s’appelait à l’époque la Société immobilière du Québec (SIQ), avait affirmé dans une orientation immobilière « qu’à terme, il fallait sortir de cet immeuble ».
Toutefois, lorsque le gouvernement libéral de Jean Charest a pris le pouvoir en 2003, Marc-André Fortier est devenu président-directeur général de la SIQ. Puis, un nouveau vice-président à la gestion des espaces et aux transactions immobilières a été nommé. Ce dernier a renouvelé le bail rapidement, malgré le désaccord de la direction immobilière de l’époque.
— Avec Jean-Louis Fortin, Bureau d’enquête