Le Journal de Montreal

Des employés de soutien violentés dans les écoles

Les gestes sont commis en majorité par les élèves

- DAPHNÉE DION-VIENS

QUÉBEC | Quelque 71 % des employés de soutien dans les écoles québécoise­s ont été victimes de violence physique ou verbale au cours de la dernière année scolaire.

Parmi ceux qui travaillen­t directemen­t auprès des élèves, comme des technicien­s en éducation spécialisé­e et des éducateurs en services de garde, cette proportion grimpe à 82 %. Les gestes de violence sont commis par les élèves dans la grande majorité des cas.

Ces conclusion­s sont tirées d’un sondage réalisé par la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSC-CSQ), dont Le Journal a obtenu copie.

Ce coup de sonde, réalisé auprès de 1839 répondants, permet de tracer le tout premier portrait de la violence faite auprès des employés de soutien dans le réseau scolaire québécois.

Le président de la Fédération, Éric Pronovost, y voit une situation « alarmante ». « Il faut arrêter de dire qu’au Québec, il y a juste les enseignant­s qui sont victimes de violence », lance-t-il.

CRIS, COUPS ET MENACES

Les cris, les blasphèmes, les coups, les propos injurieux de même que l’intimidati­on et les menaces représente­nt les actes de violence les plus fréquents.

Parmi les employés de soutien qui ont subi de la violence, 51 % ont été victimes d’actes physiques.

Sans surprise, ce sont les employés qui ont été formés pour intervenir en situation de crise – comme les technicien­s en éducation spécialisé­e – qui sont les plus touchés.

« On les appelle souvent les pompiers, ils éteignent des feux. Il faut faire plus de prévention et travailler en amont », affirme M. Pronovost.

Les femmes et les employés âgés de moins de 35 ans rapportent aussi davantage d’incidents violents.

La violence ne provient toutefois pas uniquement des élèves, puisque les parents et les collègues y contribuen­t dans près de 30 % des cas, selon les répondants.

INCIDENTS PEU RAPPORTÉS

Parmi les employés interrogés, plus de la moitié affirment toutefois ne jamais remplir de rapports d’incident après avoir été victimes d’actes de violence.

Dans 57 % des cas, la situation n’est pas jugée assez grave pour la rapporter, alors que 38 % des répondants croient plutôt qu’il s’agit d’une démarche inutile ou trop lourde sur le plan administra­tif.

La Fédération réclame davantage de soutien pour ses membres, qui ont eux aussi subi les contrecoup­s des compressio­ns budgétaire­s, affirme Éric Pronovost.

Selon des éducateurs avec qui Le Journal s’est entretenu, des services inadaptés peuvent pousser des enfants à commettre des gestes de violence.

Les crises chez un enfant autiste qui a besoin d’un suivi personnali­sé seront plus fréquentes s’il côtoie plusieurs adultes dans la même journée ou si on le place dans un groupe bondé au service de garde, explique-t-on.

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ÉRIC PRONOVOST Président de la Fédération

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