Le Journal de Montreal

On rit de Trump à l’ONU, mais ce n’est pas drôle

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Lors de son discours aux Nations unies mardi, Donald Trump a été la risée de l’assemblée générale, mais au-delà de cette humiliatio­n, le passage du président à l’ONU soulève de sérieuses questions sur le leadership internatio­nal des États-Unis.

En campagne, Donald Trump a promis que s’il était président, le monde ne se moquerait plus des États-Unis.

Quand il s’est vanté devant l’assemblée générale de l’ONU d’être un des meilleurs présidents de l’histoire de son pays, c’est luimême qui était la risée du monde.

Ce qu’on retient de son passage aux Nations unies n’a pourtant rien de comique.

C’EST PAS PARCE QU’ON RIT…

Les lecteurs de ma génération savent comment cette phrase se termine : le passage de Donald Trump à l’ONU n’a rien de drôle.

Avant tout, Trump a martelé sa doctrine « America First », qui n’est rien de moins qu’un abandon de l’engagement des États-Unis à soutenir les institutio­ns multilatér­ales qui ont assuré, tant bien que mal, un semblant de stabilité dans les relations internatio­nales après les catastroph­es de la première moitié du siècle dernier.

L’esprit de cette doctrine est aux antipodes de tous les principes qui sous-tendent les Nations unies et toutes les autres institutio­ns internatio­nales, alliances et ententes commercial­es dont les États-Unis sont un pilier essentiel.

INSTITUTIO­NS EN PÉRIL ?

Trump critique vertement certaines missions de l’ONU et il n’a pas entièremen­t tort. Par exemple, Trump a raison de dire que le Conseil des droits de l’homme, dont les pays dirigeants sont parmi les cancres de la planète sur l’objet qu’il devrait promouvoir, est un embarras pour l’ONU. Mais sa décision d’en retirer les États-Unis est-elle une solution ?

Trump s’est aussi dissocié des efforts de coopératio­n internatio­nale sur les migrations, ce qui ne fera rien pour pallier un des plus graves problèmes de notre époque.

Ces prises de position font écho au discours de Trump sur les alliances et les accords commerciau­x, qu’il croit pouvoir améliorer en se servant de la puissance des États-Unis pour faire pression individuel­lement sur chaque allié et chaque partenaire commercial.

Le Canada a lui-même fait les frais d’une attaque en règle lors d’une conférence de presse déjantée mercredi, alors que Trump ravivait ses menaces d’enterrer l’ALENA.

ABERRATION OU VIRAGE ?

Cette attitude d’intimidati­on de la part du président d’un pays qui a longtemps été à l’avant-scène du multilatér­alisme a de quoi inquiéter ceux qui croient encore à ce principe. S’agit-il d’un virage définitif pour les États-Unis ou Trump est-il une aberration passagère ?

Si c’est un virage, même si un grand nombre de leaders se sont levés cette semaine pour défendre les valeurs universell­es qui sous-tendent la coopératio­n internatio­nale, le monde fait face à de grands risques.

Toutefois, en ne prenant pas Trump très au sérieux, les délégués à l’ONU semblent dire qu’ils croient que le président et sa doctrine ne sont que des aberration­s temporaire­s et que les États-Unis reviendron­t bientôt à l’exercice du leadership qui devrait revenir à la première puissance mondiale.

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l MARTIN PIERRE @PMartin_UdeM

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