Philosophie de la bouette électorale
Au Centre d’étude collégiale de Sainte-Marie, hier, Philippe Couillard s’est arrêté quelques instants pour discuter avec un prof de philo.
À ce dernier, le chef libéral lui confia sa passion — bien connue — pour le philosophe Héraclite. S’engagea une brève discussion au sujet de la pensée du présocratique.
« On ne peut se baigner deux fois dans le même fleuve », car les eaux changent constamment, rappelèrent-ils.
MODE ATTAQUE
Dans un point de presse, peu après, le chef libéral a montré qu’il en était de même de son type d’argumentation : il a changé.
À Radio-Canada, avant le début de la campagne, M. Couillard avait déclaré : « J’ai décidé que je ne ferais […] pas d’interventions au niveau personnel sur mes collègues les chefs de partis. »
Hier, rappelant d’abord qu’il est habituellement « quelqu’un de respectueux et de poli », il a annoncé qu’il abandonnait la posture « gentille ».
D’abord, cela dénote une certaine panique. La caravane libérale (que j’ai retrouvée hier) ne respirait plus la confiance de jeudi dernier, quelques heures avant le Face-à-Face de TVA. Le Ipsos de mardi indiquant que QS a doublé le PLQ dans le vote francophone (18 contre 17 %) a eu l’effet d’une douche froide sur les troupes rouges.
Au reste, l’attaque de François Legault soupçonnant le chef libéral d’avoir caché des deniers à l’étranger a ulcéré ce dernier.
DÉFENDEZ-VOUS !
« Les militants lui disent, mais défendez-vous ! », confiait une conseillère libérale, hier.
Ainsi, pour fouetter ses troupes en fin de campagne, Philippe Couillard a décidé de lancer de la bouette : « Je ne me laisserai plus manger la laine sur le dos ! », a-t-il dit, visiblement à contrecoeur.
Et voilà le chef libéral qui se lance dans une série d’insinuations sur une prétendue influence occulte du cofondateur de la CAQ, le milliardaire Charles Sirois, sur la politique agricole de Legault.
« C’est-tu moi qui ai commencé ? », s’estil justifié, comme s’il était dans une cour d’école.
Philosophiquement, j’ignore s’il s’agit du sophisme de la double faute. Et il me semble aussi que c’est très peu héraclitien.