Trois C Series envoyés à la casse
Airbus n’a pas trouvé preneur pour ces appareils qui ont passé deux ans dehors
Moins de trois mois après avoir pris le contrôle de la famille d’avions C Series de Bombardier, Airbus a décidé de démanteler jusqu’à trois des premiers appareils construits à Mirabel, une opération qui aura un impact sur ses états financiers.
Les avions en question font partie des tout premiers qui devaient être livrés à des clients. Ils n’ont toutefois jamais volé, n’ayant jamais reçu leurs moteurs. Ils ont passé deux ans à l’extérieur de l’usine, exposés aux intempéries.
INCIDENT
En février dernier, l’un d’eux a basculé sur la queue, son centre de gravité ayant été déplacé à cause de l’absence des moteurs. Bombardier avait dû déployer des camions-grues pour stabiliser l’avion.
Marcella Cortellazzi, porte-parole d’Airbus, a confirmé au Journal hier que les pièces d’un ou de plusieurs des trois appareils allaient être soit « remises en état », soit restituées aux fournisseurs qui les ont fabriquées et qui en sont toujours propriétaires.
Des portions d’avion pourraient servir à la formation de machinistes.
Airbus n’exclut pas de trouver des clients pour un ou plusieurs des appareils, maintenant connus sous le nom d’A220, a précisé Mme Cortellazzi. Cette possibilité apparaît toutefois bien improbable.
Richard Aboulafia de la firme spécialisée Teal Group souligne que les compagnies aériennes préfèrent généralement éviter les premiers exemplaires d’un nouvel avion. Ils redoutent les défauts de production, plus nombreux au début.
SWISS N’EN VOULAIT PAS
Rappelons que le transporteur scandinave Braathens devait être le client de lancement de la C Series, mais qu’il s’est désisté. Swiss l’a remplacé au pied levé.
« Comme premier appareil, Swiss a toujours voulu avoir un modèle qui arrivait plus tard dans la séquence de production », affirme le journaliste Jon Ostrower du site spécialisé The Air Current.
L’expert souligne que lorsque les premiers avions sont sortis de la chaîne de montage, le carnet de commandes de la C Series était encore peu garni. « Alors Bombardier a construit des appareils et les a stationnés » sur le tarmac, dit-il.
Selon Sylvain Faust du site fliegerfaust.com, Airbus inscrira une radiation liée aux trois appareils qui doivent être démantelés dans ses états financiers du troisième trimestre, attendus le mois prochain. Mme Cortellazzi n’a pas voulu commenter à ce sujet.
Il n’est pas exceptionnel qu’un avionneur envoie à la « scrap » les premiers appareils d’une nouvelle gamme.
Airbus s’est débarrassé d’au moins deux A380 depuis la mise en service de cet avion jumbo, en 2007.
De son côté, Boeing a inscrit des charges comptables de près de 5 G$ après avoir renoncé à vendre cinq des six appareils d’essai de sa gamme 787 Dreamliner, selon le Seattle Times.
Le Mexique a acheté le sixième pour en faire son avion présidentiel.