Il meurt en tentant de sauver son employé
Les deux hommes ont été tués par les émanations toxiques inodores provenant du maïs ensilé
QUÉBEC | Le propriétaire d’une ferme laitière a perdu la vie, mercredi soir à Saint-Simon-les-Mines, en Beauce, en tentant de sauver son employé qui reposait inconscient au fond d’un silo de grains.
L’employé de 23 ans d’origine guatémaltèque était allé faire des vérifications dans le réservoir de stockage de la ferme Rodveil Hol-stein. C’est lui qui a chuté le premier.
« Il était allé voir pour savoir combien il restait de stock dans le silo, parce qu’il voulait en remettre », explique Sylvio Rodrigue, le frère d’une des victimes, Dany Rodrigue.
Aussitôt, un autre employé, également d’origine guatémaltèque, a alerté son patron.
UN APRÈS L’AUTRE
« Il l’a vu tomber dans le silo. Il est allé chercher mon frère, Dany, qui était dans le garage, pour l’avertir que son collègue était tombé dans le silo. Dany est monté, puis lui aussi est tombé », poursuit le frère éploré.
M. Rodrigue indique qu’aucun des hommes ne portait un masque pour se protéger des émanations toxiques provenant de l’ensilage de maïs, servant à nourrir les bêtes de la ferme.
« Ça n’a pas d’odeur. Les effets sont immédiats. Je ne sais pas s’il savait qu’il risquait sa vie, mais il connaissait très bien le danger des émanations toxiques », poursuit M. Rodrigue.
Selon la Direction de santé publique, tout fourrage mis en silo représente un risque de production de gaz d’oxydes d’azote. Chaque année, des travailleurs sont intoxiqués et au moins un décès a été rapporté entre 2012 et 2016 en Montérégie.
ONDE DE CHOC
La tragédie, qui a coûté la vie à M. Rodrigue, 45 ans, et à son employé de 23 ans, a grandement secoué le petit village beauceron d’à peine 600 âmes. Le fermier était très connu et très apprécié.
Le maire de Saint-Simon-lesMines, Martin Saint-Laurent, indique que l’événement a été très difficile pour plusieurs pompiers de Beauceville.
« Le Service de sécurité incendie est commun. Il y a donc autant de monde qui vient de Saint-Simon que de Beauceville qui y travaille. M. Rodrigue était connu de tous dans le milieu, donc ç’a laissé des séquelles post-traumatiques pour certains pompiers qui étaient amis avec lui. Ça crée une onde de choc », laisse tomber le maire.
Il s’agit d’une troisième épreuve, sans doute la plus difficile, pour la ferme familiale. « La ferme a déjà brûlé et elle a aussi été lourdement endommagée lors d’une tornade », précise M. Saint-Laurent.
En fin de journée hier, la Sûreté du Québec n’avait toujours pas rejoint la famille de l’employé décédé. L’incidence criminelle a été écartée dans la cause des décès.
La CNESST fait également une enquête. Selon la porte-parole Marlène Tremblay, des correctifs ont été demandés dans le but d’éviter qu’un tel événement ne se reproduise. Depuis cinq ans, près de 20 travailleurs agricoles ont perdu la vie au Québec des suites d’un accident du travail. Seulement le tiers des exploitations agricoles du Québec sont inscrites à la CNESST.