MISSION EN TERRITOIRE HOSTILE
Les Américains à la recherche d’une première conquête de la Coupe Ryder en Europe depuis 1993
Vingt-cinq ans. L’objectif des Américains est clair. Remporter la Coupe Ryder en sol européen. Ce qu’ils n’ont pas réussi depuis leur conquête au Belfry en 1993.
Sur papier, la formation du capitaine Jim Furyk fait peur. La moitié des 12 représentants de la bannière étoilée figurent dans le top 10 mondial. Les cinq autres sont dans le top 20. Il n’y a que Phil Mickelson qui en est exclu. Mais le vétéran Lefty en sera à sa 12e présence à cette coupe biennale, alors qu’il pourra établir de nouveaux records dans plusieurs catégories… s’il est envoyé sur le redoutable parcours de l’Albatros du Golf National, en France, avant dimanche !
Furyk possède une main pleine qui ferait saliver tout capitaine. Mais le golf se déroule sur le terrain. Et la formation européenne n’est pas piquée des vers même si elle compte cinq recrues. Les Tommy Fleetwood et compagnie sauront se défendre avec vivacité dans cette féroce compétition.
« Nous jouons face à une brillante équipe. Nous lui accordons énormément de respect. Sur papier, les Américains sont meilleurs que nous », a exprimé Paul Casey qui fait un retour dans la formation européenne après une absence de 10 ans.
Mais les Américains ne se laissent pas berner par les belles paroles du clan européen. En mission, ils ont les yeux sur le trophée qu’ils doivent défendre après leur victoire à Hazeltine en 2016.
« C’est une opportunité pour nous de montrer que les golfeurs des États-Unis peuvent battre ceux de l’Europe. Nous pouvons le faire ici, en sol européen. C’est l’objectif », a signalé Jordan Spieth, golfeur de la nouvelle génération américaine.
Avec l’atmosphère électrique qui règne sur le National depuis le début de la semaine, le spectacle s’annonce haut en couleur. Imaginez, les golfeurs sont accueillis par une armée de spectateurs d’environ 7000 personnes hurlant dans les monstrueux gradins entourant le premier tertre. Plus de 50 000 spectateurs sont attendus chaque jour. Le parcours situé en banlieue de Paris ressemble à une véritable marmite bouillonnante.
« Ce parcours est incroyable. La Coupe Ryder, c’est toujours une surprise. Il faut se laisser bercer par l’atmosphère, a indiqué le vétéran européen Ian Poulter qui présente le meilleur taux de réussite, 72 %, de l’histoire de l’équipe d’Europe. Le catalyseur anglais en est à sa sixième sélection.
« Je vais devoir expliquer cela aux recrues. Ce sera difficile de leur dire comment ils se sentiront, car c’est une véritable poussée d’adrénaline. L’atmosphère de cette compétition est unique. »
Devant la redoutable formation des États-Unis, dont les golfeurs compilent 31 conquêtes majeures, les hommes de Thomas Bjorn compteront sur l’appui de la foule. Cet explosif 13e joueur fait des ravages en faisant plier les genoux des membres du clan adverse.
AJUSTÉ AUX EUROPÉENS
L’Albatros du Golf National, site de l’Omnium de France depuis 1991, a été spécialement adapté pour que l’équipe européenne ait une chance de suivre leurs rivaux. Les allées étroites et la présence d’étendues d’eau forceront les hommes de Jim Furyk à jouer de stratégies. Les puissants cogneurs américains devront laisser leur bois de départ dans leur sac sur la plupart des tertres ; ils devront plutôt opter pour le bois d’allée ou des fers longs.
Le capitaine Bjorn vise à les menotter. La précision prévaudra donc sur la distance au fil du parcours de 7183 verges, car l’herbe longue ne pardonnera pas. Un simple mauvais coup pourrait coûter immédiatement un trou.
Les normales seront plus nombreuses que les oiselets. Quant aux aigles, ils devraient être très rares sur les trois normales 5 du parcours.
« On verra plusieurs trous remportés avec une normale, a prévenu le vétéran golfeur anglais, Justin Rose. Cela créera une mentalité différente et des matchs excitants. Il faut travailler très fort pour réaliser des normales à certains endroits. Ça ressemble presque à la configuration de l’Omnium des États-Unis. »
« C’est l’un des terrains les plus difficiles que j’ai vu depuis un bout, a assuré Webb Simpson qui en est à sa troisième sélection américaine. Il faudra à tout prix placer les balles dans les allées. »
« Merci mon Dieu, nous jouons sous la formule partie par trou, car je ne voudrais pas jouer ce terrain en formule partie par coup », a lâché Paul Casey, impressionné par ce défi.
SORTIR DES BLOCS
Si les États-Unis désirent l’emporter en sol européen, ils devront démarrer la première journée en lion. Les premiers duels seront primordiaux pour dicter le ton et mettre des points au tableau. Un rapide retard de quelques points pourrait semer le doute.
C’est à cet effet que Furyk a pris de judicieuses décisions quant à la composition de ses paires en duel. Celles-ci relèvent maintenant de la science, alors qu’aucun détail ne doit être oublié.
La table est donc mise pour un événement qui ne manquera pas de passion et d’action.
Il ne faut pas oublier que dans l’horaire, il faut tenir compte du décalage de six heures avec la France. Les matchs de la matinée auront donc lieu en pleine nuit au Québec.