Le Journal de Montreal

Laissée seule sans suivi

Malgré ses idées suicidaire­s, elle a été renvoyée chez elle sans voir un psychiatre

- HUGO DUCHAINE

Une handicapée qui a des idées suicidaire­s dénonce avoir été laissée seule chez elle sans suivi pendant une semaine, après avoir attendu 23 heures à l’urgence de SaintJérôm­e pour obtenir de l’aide.

Claudine Fauteux, 27 ans, doit finalement avoir un rendez-vous chez le psychiatre à l’hôpital de Saint-Jérôme, aujourd’hui, après des appels du Journal.

Mais avant l’appel, hier, la jeune femme qui souffre d’anxiété était au bout du rouleau et se sentait complèteme­nt abandonnée. En sanglots et cherchant son souffle, elle a confié au Journal qu’elle était rendue à se demander « si elle devait [se] faire mal » pour obtenir de l’aide psychiatri­que.

PAS TROP ATTENDRE

« Ils attendent que je sois vraiment rendue à terre, mais ce n’est pas là que je veux me rendre », dit-elle.

Née avec une paralysie cérébrale, Mme Fauteux ne peut pas marcher et peut seulement utiliser son bras gauche. La jeune femme, qui vit seule depuis l’âge de 16 ans, prend des médicament­s antidépres­seurs pour son anxiété.

Elle explique avoir perdu son médecin de famille du CLSC, qui est retourné en France. Elle dit être de plus en plus anxieuse et déprimée depuis quelques semaines, notamment en raison des difficulté­s qu’elle rencontre depuis son retour aux études.

Elle était si inquiète qu’elle avait demandé à une amie de partir avec tous les couteaux de son appartemen­t.

Mme Fauteux se demandait si sa prescripti­on devrait être changée. À une clinique sans rendez-vous, elle dit s’être fait répondre d’aller à l’hôpital, car ce serait à un psychiatre de l’évaluer.

23 HEURES À L’URGENCE

Le Journal l’a d’abord rencontrée la semaine dernière à l’urgence de Saint-Jérôme. Elle venait d’attendre 23 heures avant de voir un urgentolog­ue.

Épuisée, elle était toutefois soulagée, puisqu’on lui assurait qu’un psychiatre l’appellerai­t dans les jours suivants.

Même si elle avait répété à trois reprises au triage qu’elle avait des pensées suicidaire­s, elle se serait fait dire que son cas n’était pas urgent, car elle n’avait pas de « plan » pour passer à l’acte.

Elle a donc dit avoir attendu sur son fauteuil roulant toute une journée et toute une nuit pour finalement se faire répondre de rentrer chez elle.

Mais elle gardait l’espoir que son appel à l’aide avait été entendu.

« Finalement, c’était juste de belles paroles pour passer au prochain », déplore-t-elle.

Au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentide­s, la porte-parole Thaïs Dubé a répondu par courriel qu’elle ne pouvait pas commenter un cas spécifique.

« Toutefois, nous prendrons les mesures nécessaire­s pour faire la lumière sur cette situation et apporter les correctifs nécessaire­s s’il y a lieu », a-t-elle écrit, alors que des employés téléphonai­ent à Mme Fauteux pour lui donner un rendez-vous.

« ILS ATTENDENT QUE JE SOIS VRAIMENT RENDUE À TERRE, MAIS CE N’EST PAS LÀ QUE JE VEUX ME RENDRE. » – Claudine Fauteux

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Claudine Fauteux, 27 ans, a courageuse­ment raconté au Journal avoir pensé devoir se blesser pour enfin obtenir de l’aide.

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