Le Journal de Montreal

Un projet canadien d’exploitati­on d’or et de cuivre menacé

- Environnem­ent

PANAMA | (AFP) La Cour suprême du Panama a déclaré, cette semaine, anticonsti­tutionnel un projet d’exploitati­on d’un gisement d’or et de cuivre sur la côte caraïbe par une filiale du groupe canadien First Quantum Minerals, qui a investi 6,3 milliards de dollars dans le projet.

La Cour suprême a jugé que le contrat d’exploitati­on lésait l’État panaméen et les ressources naturelles du pays en raison notamment des dégâts environnem­entaux que l’exploitati­on causerait aux sols, à la végétation ainsi qu’à l’air et aux ressources en eau.

« DÉGÂTS IRRÉVERSIB­LES »

« Cet arrêt est extrêmemen­t important pour le Panama », s’est félicitée Sonia Montenegro, directrice exécutive du Ciam, l’ONG de défense de l’environnem­ent qui a engagé en 2009 les poursuites contre le contrat, signé à l’époque entre l’État panaméen et la société minière canadienne Minera Petaquilla.

Au gré de reventes successive­s, le contrat pour l’exploitati­on du gisement minier, situé dans la province de Colon (côte caraïbe), est passé aux mains de Minera Panama, société filiale de First Quantum Minerals.

Pour Sonia Montenegro, le combat n’est cependant pas terminé : « Nous n’avons aucun doute qu’ils chercheron­t le moyen de poursuivre » le projet, a-telle dit à l’AFP. « Les dégâts irréversib­les causés à l’environnem­ent dans cette zone pluvieuse sont le cadet de leurs soucis », a-t-elle prédit.

Selon les projets de l’entreprise, l’exploitati­on doit commencer dans les prochains mois pour exporter quelque 320 000 tonnes de cuivre par an. Le projet comporte également une centrale électrique de 300 mégawatts, une ligne haute tension, un port internatio­nal et une usine de traitement des minerais.

12 000 EMPLOIS

Les autorités panaméenne­s font valoir que c’est le projet industriel le plus important du pays, avec plus de 12 000 emplois à la clé. Il « se poursuit dans un climat de tranquilli­té », a affirmé, dans une interview à la télévision Telemetro, le ministre du Travail Luis Ernesto Carles pour qui « il est clair que le contrat reste valide ».

Cepdendant, le ministre du Travail a reconnu que « d’autres étapes juridiques sont nécessaire­s pour s’assurer de l’interpréta­tion de l’arrêt » de la Cour constituti­onnelle.

La compagnie minière assure qu’avec 6,3 milliards d’investisse­ments, le projet permettra d’exporter pour 2000 milliards de minerais et apportera au pays 4 % du PIB dès l’année prochaine.

La Chambre des mines, représenta­nt les entreprise­s du secteur, s’est élevée contre l’arrêt de la Cour suprême. Une telle décision « porte atteinte à la libre entreprise et affecte de manière irréversib­le la confiance des investisse­urs au Panama », ce qui pourrait provoquer « une fuite et un désengagem­ent de l’investisse­ment étranger », a-t-elle averti.

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