Le Journal de Montreal

FINS DE PARCOURS ABRUPTES

La direction du Canadien et ses capitaines n’ont pas toujours fait bon ménage

- JONATHAN BERNIER Le Journal de Montréal

Le feuilleton précédant le départ de Max Pacioretty vers Las Vegas a soulevé les passions. Cependant, ce n’est pas la première fois qu’un capitaine du Canadien connaît une fin de parcours abrupte avec l’équipe. Doug Harvey, Chris Chelios, Guy Carbonneau, Pierre Turgeon et Vincent Damphousse ont également connu le même sort. Dans la majorité des cas, c’est un litige avec la direction ou l’entraîneur qui a mené au divorce. SO-SO-SO-SOLIDARITÉ

Doug Harvey compte 14 années d’ancienneté avec le Canadien et vient de compléter sa première saison à titre de capitaine lorsque Frank Selke échange ses services aux Rangers de New York. La raison principale de cette transactio­n : en compagnie de Ted Lindsay, le défenseur de 35 ans est à la tête d’un groupuscul­e de joueurs souhaitant créer un syndicat des joueurs.

À l’époque, le salaire moyen d’un joueur est d’environ 8000 $, ce qui force la grande majorité d’entre eux à occuper un emploi d’été. Puisque la rémunérati­on n’est pas garantie, une blessure signifie l’interrupti­on du chèque de paie. Quant au régime de retraite, aussi bien ne pas en parler.

Pour tuer la révolution dans l’oeuf, Jack Adams, directeur général des Red Wings, et Selke, envoient les deux têtes dures aux deux équipes les plus moribondes du circuit. En 1957, Lindsay prend le chemin de Chicago, où les Blackhawks ont été exclus des séries 11 fois sur 12 entre les printemps 1947 et 1958. Trois ans plus tard, Harvey sera échangé aux Rangers, absents des séries lors de 13 des 18 printemps précédents.

ÉCART DE CONDUITE...

Le 14 septembre 1989, après trois tours de scrutin auprès des joueurs, Chris Chelios et Guy Carbonneau sont toujours nez à nez, ce qui convainc Serge Savard de nommer pour la première – et seule – fois de l’histoire du Canadien deux capitaines.

Ce leadership en temps partagé ne durera pas longtemps. Dans l’entre-saison suivant, Chelios est échangé aux Blackhawks de Chicago avec un choix de 2e ronde en retour de Denis Savard.

Plusieurs rumeurs concernant son comporteme­nt à l’extérieur de la patinoire font alors surface.

« Malheureus­ement, il est demeuré avec un esprit collégien et c’est probableme­nt ce qui l’a sorti de Montréal », analyse Carbonneau quelques jours plus tard, lors d’une entrevue radiophoni­que sur les ondes de CJMS.

… ET DOIGT D’HONNEUR

Fait cocasse, c’est également un écart de conduite à l’extérieur de la patinoire qui signera la fin de l’associatio­n entre Carbonneau et le Canadien, quatre ans plus tard.

Surpris sur les allées d’un terrain de golf par un photograph­e du Journal de Montréal, Carbonneau répond avec un doigt d’honneur.

La photo, qui se retrouve sur la page frontispic­e du Journal le lundi suivant, fait scandale. Le timing ne peut être pire pour le capitaine, qui amorce, au même moment, des négociatio­ns en vue d’un prochain contrat.

Deux mois et demi plus tard, Carbonneau est échangé aux Blues de St. Louis contre Jim Montgomery.

RÔLE INADÉQUAT

À sa seule saison complète avec le Canadien, Pierre Turgeon, devenu capitaine dans les premières semaines du calendrier, domine les pointeurs de son équipe avec une récolte de 96 points. Ses 38 buts font également de lui le meilleur buteur, ex aequo avec Vincent Damphousse.

Pourtant, une fois en séries éliminatoi­res, Mario Tremblay le confine au rôle défensif de troisième centre, derrière Damphousse et la recrue Saku Koivu. Insatisfai­t de son utilisatio­n et inquiet du sort qu’on lui réserve, l’athlète de 26 ans exige, au cours du camp d’entraîneme­nt suivant, une transactio­n.

Son souhait est exaucé dans les premières semaines du calendrier. En retour de ses services, Réjean Houle rapatrie Shayne Corson au bercail ; une surprise considéran­t que Serge Savard l’avait sorti de Montréal, presque à coups de pied au derrière.

La veille de la transactio­n, dans un revers de 5 à 4 contre les Coyotes, Turgeon avait récolté quatre passes...

UN SIXIÈME DE SUITE

Vincent Damphousse dispute la dernière saison de son contrat lorsqu’il est échangé, en plein vol entre Montréal et Edmonton, aux Sharks de San Jose. Sa production à la baisse avait incité Alain Vigneault à réduire son temps d’utilisatio­n, particuliè­rement en supériorit­é numérique.

« Mon rôle avait changé cette saison. Je jouais moins en avantage numérique, mais on s’attendait à une production semblable à celle de mes premières saisons ici », déclare-t-il au moment de commenter la transactio­n.

Parallèlem­ent à cela, le capitaine ne reçoit aucune offre de contrat de l’organisati­on au cours de la saison. Les négociatio­ns étant au point mort, il sait que son temps est compté avec le Canadien.

Son transfert à San Jose fait de Damphousse le sixième capitaine de suite à être échangé par le Tricolore. Les deux suivants, Saku Koivu et Brian Gionta, seront épargnés.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES PHOTO D’ARCHIVES PHOTO D’ARCHIVES ?? Doug Harvey a été échangé à l’une des pires équipes de l’époque, les Rangers. Chris Chelios manquait de sérieux à l’extérieur de la patinoire. Vincent Damphousse est passé aux Sharks alors que le Canadien se dirigeait vers Edmonton.
PHOTO D’ARCHIVES PHOTO D’ARCHIVES PHOTO D’ARCHIVES Doug Harvey a été échangé à l’une des pires équipes de l’époque, les Rangers. Chris Chelios manquait de sérieux à l’extérieur de la patinoire. Vincent Damphousse est passé aux Sharks alors que le Canadien se dirigeait vers Edmonton.

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