La Ville dit que les travaux sont finis
Pourtant, des employés à l’ouvrage, des machineries et des trous sont toujours bien visibles sur cette rue
Des résidents de la rue Saint-André, sur Le Plateau-Mont-Royal, qui endurent des travaux d’envergure depuis des mois, ont reçu récemment un dépliant de la Ville de Montréal disant qu’ils sont enfin terminés. Le hic : leur rue est toujours éventrée.
L’histoire, aussi décourageante qu’absurde, commence par un avis envoyé par la ville-centre le 17 septembre dernier aux résidents de la rue Saint-André. On y annonce que les travaux d’infrastructure pour une future vélorue sont achevés depuis quelques jours sur deux tronçons de la voie. La Ville a même joint une jolie carte, avec un beau dessin, où l’on désigne les zones de « travaux complétés ».
Or, il suffit d’aller faire un tour sur place pour constater qu’un des segments supposément terminés, entre les rues Roy Est et Cherrier, n’est en fait qu’un vaste champ de garnotte clôturé.
Entre la réalité de la rue et la fiction de la Ville, les citoyens, eux, fulminent.
« C’est honteux et enrageant », laisse tomber une résidente croisée sur place.
« J’ai rien contre les travaux, même si ça nous pourrit la vie, mais de l’incompétence crasse comme celle-là, c’est d’un ordinaire sans nom », soupire Stéphane Bougie, qui nous a signalé la situation.
Il a un point : le problème, ce ne sont pas les travaux, mais bien leur mauvaise gestion.
LA TERRE APPELLE LA VILLE
Au coût de 22,8 millions $, le chantier en question a débuté en mai et devrait être terminé (réellement) en octobre 2019. Pour des travaux d’une telle envergure, Montréal a pris comme habitude de désigner un agent de liaison, qui doit assurer une communication constante entre les citoyens et les institutions.
Mais quand j’ai essayé de l’appeler pour savoir pourquoi ils ont déjà annoncé la fin des travaux, il y a eu un silence radio. Et plusieurs résidents de la rue Saint-André m’ont dit avoir tenté de le joindre par téléphone et par courriel, depuis des semaines, sans succès non plus.
La situation est pathétique au point où le voisinage m’a confié faire des blagues sur ce fameux agent, Pierre Joyal, en se disant qu’au fond, il n’existe pas.
Pourtant, du côté de la Ville, on m’affirme non seulement qu’il existe, mais qu’il est à pied d’oeuvre.
L’HEURE JUSTE SVP
Est-ce si compliqué de donner l’heure juste aux citoyens ?
Il semble que oui. Même en tant que journaliste (donc ayant normalement un accès plus facile aux représentants de la Ville), je n’ai obtenu qu’une réponse des plus laconiques.
Le service des communications s’est borné à me dire que la « Ville a rapidement constaté la situation à laquelle [je faisais] référence », et que « la Commission des services électriques de Montréal réalise en ce moment des travaux ».
Mais quand je m’acharne, avec un deuxième courriel et plusieurs appels, à essayer de savoir pourquoi on a envoyé un message mensonger aux citoyens et quand les travaux seront réellement finis, on me répond que « la circulation devrait rouvrir au mois d’octobre ».
Apparemment, c’est trop demander aux autorités de reconnaître qu’une erreur de communication a été commise et de donner des informations claires aux citoyens.
L’erreur est humaine, et un peu d’humanité ne ferait pas de mal ici pour calmer la colère des citoyens, qui endurent des mois de travaux devant leur porte.
En attendant, le seul gagnant ici, c’est le cynisme.