Sur un plateau.. d'argent
Lewis Hamilton s’impose dans la controverse devant son coéquipier Valtteri Bottas
La domination de Mercedes n’a fait aucun doute en F1 depuis 2014, mais son comportement controversé à Sotchi dimanche n’est pas digne d’une écurie championne.
Détenteur de la position de tête et auteur d’un départ parfait, Valtteri Bottas a été forcé de céder les commandes à son coéquipier Lewis Hamilton au 25e des 53 tours pour lui offrir la victoire sur un plateau... d’argent, hier, au Grand Prix de Russie.
Le meilleur pilote à Sotchi n’a pas gagné. Dans un rôle de soutien qui lui aurait valu un Oscar, le malheureux Finlandais, en quête d’une première victoire cette année, n’a eu d’autre choix que de lever le pied sur ordre de son patron.
Ce dernier avait même choisi l’endroit exact où Bottas devait passer aux actes ; on l’a entendu lui dire sur les ondes radio qu’il devait céder le passage au virage 13.
Le québécois Lance Stroll, plutôt invisible pendant ce long défilé du dimanche, un autre en F1, a rallié quant à lui l’arrivée à la 15e place après avoir réalisé le chrono le moins rapide des 20 engagés à bord de sa Williams la veille en qualifications.
AUCUNE CÉLÉBRATION
En accédant à la plus haute marche du podium pour la 70e fois de sa carrière, Hamilton largue son seul rival à la course au titre, Sebastian Vettel, par 50 points au tableau, soit l’équivalent de deux victoires.
Aussi bien dire que l’affaire est dans le sac. Avec seulement cinq courses au calendrier, on ne voit pas comment l’Allemand sera en mesure de renverser la vapeur.
Hamilton signe une troisième victoire consécutive, sa cinquième en sept départs, et la prochaine escale aura lieu dès dimanche à Suzuka, au Japon, où il s’est imposé à trois reprises au cours des quatre dernières années.
Classé troisième, l’Allemand, lui, n’a
jamais été en mesure de tenir tête aux deux Flèches d’Argent, si ce n’est qu’il a pu devancer Hamilton quand celui-ci est sorti des puits. Mais les réjouissances ont été de courte durée.
Le duel musclé (et qui aurait pu valoir une pénalité au pilote de Ferrari pour avoir changé dangereusement de trajectoire) n’a duré que quelques virages.
« LA VICTOIRE DONT JE SUIS LE MOINS FIER »
À sa sortie de voiture, le vainqueur n’a témoigné, contrairement à ses habitudes, aucune manifestation de joie, évitant même de rejoindre les membres de son écurie pour célébrer.
Il s’est plutôt dirigé vers son partenaire abattu, en tentant, on s’imagine, de le consoler, tout en lui disant que ce n’était pas sa décision.
« Nous sommes des pilotes, a raconté Hamilton, et notre but est de terminer au premier rang. Je ne me souviens pas d’avoir remporté une course et de ressentir un tel sentiment. Non, je ne veux jamais gagner de cette façon, mais l’équipe a tranché.
« Valtteri a agi en véritable gentleman. Peu de coéquipiers auraient accepté de le faire. Mais je dois reconnaître que c’est la victoire dont je suis le moins fier. »
BOTTAS S’EST FAIT DIRE NON
Considérant que Vettel n’était plus une menace derrière lui et Hamilton, Bottas a demandé à son équipe s’il pouvait reprendre la première place qu’on lui avait volée en amorçant son dernier tour. Sa requête a toutefois été refusée. « Ce fut une journée difficile pour moi, a fait savoir le Finlandais, qui avait beaucoup de mal à cacher sa frustration. Lewis se bat pour le championnat des pilotes et Mercedes pour celui des constructeurs. Nous évaluons un plan avant chaque épreuve. C’est comme ça. »
Sur la tribune d’honneur, on a vu Hamilton offrir à Bottas son trophée de vainqueur, mais le malheureux deuxième a refusé non sans raison.