Ferrari n’a aucune leçon à donner
La démarche de Mercedes était une évidence selon Sebastian Vettel
Le principe des consignes d’équipe ne date pas d’hier dans la discipline-reine du sport automobile. Mais la F1 pouvait certes se passer d’une telle manoeuvre dans cette nouvelle ère où les dirigeants de Liberty Media tentent par tous les moyens de raviver le spectacle sur la piste.
Céder le pas à un coéquipier pendant une course est une démarche qui a toujours été tolérée, quoique jamais souhaitée.
Quand un pilote de F1 risque sa vie à tous les départs pour remporter une course, il mérite un meilleur sort que celui de Bottas au Grand Prix de Russie.
COURSE TRUQUÉE
Le Finlandais était le pilote le plus rapide du week-end. Hamilton serait peut-être parvenu à le malmener en fin d’épreuve, mais on ne saura jamais s’il aurait pu le devancer.
Une chose est certaine, les spectateurs réunis à Sotchi, tout autant que les amateurs rivés devant leur télé ont été floués. Rien de moins.
Car c’est à une véritable course… truquée dont on a été témoins hier.
DE MAUVAIS SOUVENIRS
Troisième à l’arrivée, Sebastian Vettel n’a pas cherché à décrier le geste de l’écurie Mercedes.
« Leur stratégie d’équipe a bien fonctionné, a insinué l’Allemand, dont les espoirs de remporter un cinquième titre mondial s’amenuisent davantage. En me mettant à leur place, le choix était évident. »
Vettel a perdu patience quand les journalistes se sont faits insistants sur cette controverse.
« Vous cherchez constamment la polémique, a-t-il répliqué. Ces questions me semblent pour la plupart injustifiées. »
À cet égard, Ferrari aurait probablement appliqué la même consigne. Et, franchement, elle n’a aucune leçon à donner.
Vettel a peut-être craint que certains membres des médias ressassent des mauvais souvenirs.
UN CERTAIN GP D’AUTRICHE
Car Ferrari est déjà passé maître dans ce genre de tactiques douteuses. Qui ne se souvient pas de cet épisode, parmi tant d’autres, où Rubens Barrichello a dû céder le passage à son coéquipier Michael Schumacher à quelques mètres de l’arrivée au Grand Prix d’Autriche en 2002 ?
Cette époque où on laissait deux partenaires d’équipes [rappelez-vous les duels épiques entre Ayrton Senna et Alain Prost chez McLaren] s’expliquer sans retenue sur les circuits semble maintenant révolue.
On souhaite certes revoir des pilotes d’une même écurie se battre à armes égales.
Mais comment peut-on changer les règles quand on constate que deux des principaux chefs d’orchestre que ces « doublés de la honte » chez Ferrari dans le passé ont pour noms Jean Todt et Ross Brawn, aujourd’hui président de la Fédération internationale de l’automobile et directeur technique de la F1 respectivement ?
LA FAUTE AUX PNEUS, DIT STROLL
Après avoir profité de pénalités imposées à six pilotes sur la grille de départ, Lance Stroll, bon dernier en qualifications, a pu s’élancer de la 14e place quand les feux rouges se sont éteints à Sotchi.
Après avoir bondi de deux rangs au premier tour, le pilote montréalais a été confiné à un autre rôle de figuration au volant de sa Williams pour terminer finalement à la 15e position, à un tour du vainqueur.
La faute aux pneus, a dit Stroll en conférence de presse.
« La voiture a beaucoup souffert avec les gommes hyper tendres en début de course, s’est-il exprimé. Elles se dégradaient à un rythme effarant. Nous nous sommes arrêtés très tôt [au septième tour], mais je pense qu’il aurait fallu le faire avant.
« Puis, avec les pneus tendres, la voiture s’est mieux comportée, mieux qu’on l’avait anticipé. Je me suis bien battu avec Fernando Alonso à la fin, mais jamais je n’ai été en mesure de m’y approcher suffisamment pour profiter de mon aileron amovible et tenter de le doubler. »
QUELLE REMONTÉE !
De cette 16e étape de la saison, on retiendra le parcours exceptionnel de Max Verstappen à bord de sa Red Bull. Parti de la 19e et avant-dernière position sur la grille de départ, il est remonté à la 13e place à l’issue du premier tour avant d’accéder au 6e rang cinq tours plus tard !
On l’a vu mener la course, hors séquence, du 20e au 42e tour, avant de s’arrêter inévitablement au puits pour changer ses pneus. Il sera classé cinquième derrière la Ferrari de Kimi Räikkönen (4e), mais devant son coéquipier Daniel Ricciardo.
Charles Leclerc, encore impressionnant à bord de sa modeste Sauber, Kevin Magnussen (Haas), Esteban Ocon (Force India) et Sergio Perez (Force India) ont formé, dans l’ordre, le groupe des dix premiers.