Rozon veut annuler une « injustice »
L’homme d’affaires déchu estime que l’action collective le visant le force à dépenser beaucoup d’argent
Gilbert Rozon affirme que l’action collective intentée par un regroupement de femmes l’accusant d’être un prédateur sexuel est une injustice qui le force en plus à dépenser de gros montants pour se défendre.
« L’utilisation de l’action collective cause une injustice à l’endroit de [Rozon] en le forçant à […] dépenser des sommes substantielles pour répondre à des accusations multiples et sans contexte », peut-on lire dans un document déposé hier par les avocats de l’ex-magnat de l’humour.
EN FINIR VITE
L’ancien grand patron de Juste pour rire espère encore mettre fin aux procédures intentées par les Courageuses, un regroupement de femmes qui lui réclame plus de 10 millions $. Elles sont pour le moment plus d’une vingtaine, et l’accusent d’inconduite sexuelle à leur égard sur une période allant de 1982 à 2016.
« Si [le regroupement] n’était pas autorisé à intenter la présente action collective, il est fort probable que de très nombreuses victimes seraient privées de l’exercice de leurs droits en justice », avait dit le juge Donald Bisson en autorisant l’action collective à aller de l’avant en mai dernier.
« AUTORISER LE RECOURS À L’ACTION COLLECTIVE [...] CRÉE UNE GRAVE INJUSTICE À L’ENDROIT DE [GILBERT ROZON]. » – Extrait du mémoire d’appel présenté par les avocats de Gilbert Rozon
HARCÈLEMENT, AGRESSIONS ET VIOLS
Certaines des femmes disent avoir été harcelées sexuellement par Rozon, d’autres affirment avoir été agressées tandis que certaines n’hésitent pas à parler de viol.
Or, ce sont justement ces différences qui militent pour la fin de l’action collective, écrit l’avocat Raymond Doray dans son mémoire d’appel visant à mettre fin aux procédures.
« Ces litiges n’ont rien de collectif et ne soulèvent aucune question commune, similaire ou connexe », peut-on lire dans le document de cour.
En fait, poursuivre Rozon par action collective rend même les choses plus compliquées, affirme l’équipe d’avocats.
« Cela n’avancerait en rien le litige puisque pour chaque membre du groupe, il y aurait toujours lieu d’administrer une preuve de harcèlement sexuel avec des éléments de contexte propres à chaque situation », indique le mémoire d’appel.
« LACUNES » DU JUGE
Les avocats reprochent également au juge de première instance de « nombreuses lacunes importantes » dans sa décision d’autoriser l’action collective à aller de l’avant.
Ils mentionnent par exemple que le groupe, défini par « toutes les personnes agressées et/ou harcelées sexuellement par Gilbert Rozon » n’est ni limité dans le temps, ni dans l’espace, ce qui complique le travail de la défense.
« Le groupe est défini de manière large, imprécise et subjective », est-il reproché dans le document de cour déposé hier.
Maintenant que le clan Rozon a déposé ses arguments, celui des Courageuses devra faire de même d’ici les prochaines semaines. Ce n’est qu’après que la Cour d’appel entendra la cause, vraisemblablement au courant de 2019.
Depuis que le scandale concernant les allégations d’inconduite sexuelle contre Rozon a éclaté, ce dernier s’est départi de Juste pour rire, l’entreprise qu’il avait fondée en 1983. Il a depuis mis en vente deux de ses maisons, dont une à Outremont pour 5,8 millions $.