Le Journal de Montreal

Rozon veut annuler une « injustice »

L’homme d’affaires déchu estime que l’action collective le visant le force à dépenser beaucoup d’argent

- MICHAËL NGUYEN

Gilbert Rozon affirme que l’action collective intentée par un regroupeme­nt de femmes l’accusant d’être un prédateur sexuel est une injustice qui le force en plus à dépenser de gros montants pour se défendre.

« L’utilisatio­n de l’action collective cause une injustice à l’endroit de [Rozon] en le forçant à […] dépenser des sommes substantie­lles pour répondre à des accusation­s multiples et sans contexte », peut-on lire dans un document déposé hier par les avocats de l’ex-magnat de l’humour.

EN FINIR VITE

L’ancien grand patron de Juste pour rire espère encore mettre fin aux procédures intentées par les Courageuse­s, un regroupeme­nt de femmes qui lui réclame plus de 10 millions $. Elles sont pour le moment plus d’une vingtaine, et l’accusent d’inconduite sexuelle à leur égard sur une période allant de 1982 à 2016.

« Si [le regroupeme­nt] n’était pas autorisé à intenter la présente action collective, il est fort probable que de très nombreuses victimes seraient privées de l’exercice de leurs droits en justice », avait dit le juge Donald Bisson en autorisant l’action collective à aller de l’avant en mai dernier.

« AUTORISER LE RECOURS À L’ACTION COLLECTIVE [...] CRÉE UNE GRAVE INJUSTICE À L’ENDROIT DE [GILBERT ROZON]. » – Extrait du mémoire d’appel présenté par les avocats de Gilbert Rozon

HARCÈLEMEN­T, AGRESSIONS ET VIOLS

Certaines des femmes disent avoir été harcelées sexuelleme­nt par Rozon, d’autres affirment avoir été agressées tandis que certaines n’hésitent pas à parler de viol.

Or, ce sont justement ces différence­s qui militent pour la fin de l’action collective, écrit l’avocat Raymond Doray dans son mémoire d’appel visant à mettre fin aux procédures.

« Ces litiges n’ont rien de collectif et ne soulèvent aucune question commune, similaire ou connexe », peut-on lire dans le document de cour.

En fait, poursuivre Rozon par action collective rend même les choses plus compliquée­s, affirme l’équipe d’avocats.

« Cela n’avancerait en rien le litige puisque pour chaque membre du groupe, il y aurait toujours lieu d’administre­r une preuve de harcèlemen­t sexuel avec des éléments de contexte propres à chaque situation », indique le mémoire d’appel.

« LACUNES » DU JUGE

Les avocats reprochent également au juge de première instance de « nombreuses lacunes importante­s » dans sa décision d’autoriser l’action collective à aller de l’avant.

Ils mentionnen­t par exemple que le groupe, défini par « toutes les personnes agressées et/ou harcelées sexuelleme­nt par Gilbert Rozon » n’est ni limité dans le temps, ni dans l’espace, ce qui complique le travail de la défense.

« Le groupe est défini de manière large, imprécise et subjective », est-il reproché dans le document de cour déposé hier.

Maintenant que le clan Rozon a déposé ses arguments, celui des Courageuse­s devra faire de même d’ici les prochaines semaines. Ce n’est qu’après que la Cour d’appel entendra la cause, vraisembla­blement au courant de 2019.

Depuis que le scandale concernant les allégation­s d’inconduite sexuelle contre Rozon a éclaté, ce dernier s’est départi de Juste pour rire, l’entreprise qu’il avait fondée en 1983. Il a depuis mis en vente deux de ses maisons, dont une à Outremont pour 5,8 millions $.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER ?? Lors d’une audience à la cour en février, le magnat de l’humour déchu Gilbert Rozon avait clamé son innocence, jurant n’avoir « jamais fait l’amour » à quelqu’un qui lui avait dit non.
PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Lors d’une audience à la cour en février, le magnat de l’humour déchu Gilbert Rozon avait clamé son innocence, jurant n’avoir « jamais fait l’amour » à quelqu’un qui lui avait dit non.

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