Le Journal de Montreal

Le prix de plusieurs produits à surveiller avec l’ALENA

- Stéphane Desjardins Spécialist­e en consommati­on

Qu’est-ce que le nouvel accord de libre-échange signé hier entre les États-Unis et le Canada changera pour le consommate­ur québécois ? À court terme, pas grand-chose.

Les trois pays se sont donné 60 jours pour adopter le nouvel Accord ÉtatsUnis-Mexique-Canada (AEUMC), qui remplace l’ALENA. Il faudra attendre des mois, voire des années selon les produits, pour en voir les effets sur nos portefeuil­les.

LES VOITURES

Commençons par les voitures, la plus importante dépense des consommate­urs après l’achat d’une propriété. L’industrie automobile est fortement intégrée entre les trois pays (un matériau ou une pièce peut passer la frontière jusqu’à neuf fois). Or, Ottawa n’a pas obtenu que Washington élimine les tarifs sur l’acier et l’aluminium, des matériaux qui influencen­t lourdement le prix d’une voiture.

Par exemple, le prix de vente d’un RAV4 de Toyota pourrait passer d’un peu plus de 31 000 $ à plus de 43 000 $ avec ces tarifs, annoncés en mai par l’administra­tion Trump. Une vingtaine de modèles populaires sont fabriqués au Canada, dont la Chevrolet Equinox, les Honda Civic et CR-V, la Toyota Corolla.

Le Canada et les États-Unis se sont donné quelques semaines pour clarifier la question.

Donc, le prix des voitures va grimper si ces tarifs sont maintenus. Et comme des élections s’en viennent chez nos voisins, ce ne serait pas surprenant…

LES PRODUITS LAITIERS

Le Canada a cédé sur le système de gestion de l’offre, qui protège notre industrie laitière. En conséquenc­e, on paie plus cher nos produits laitiers qu’aux États-Unis.

Par exemple : un contenant de yogourt aux fraises de Yoplait de 900 g se vend 2,46 $ US (3,14 $ CAN) chez Wal-Mart aux États-Unis, contre 2,57 $ chez Wal-Mart Canada pour… 650 g.

Comme le Canada a accepté d’éliminer les barrières concernant le lait diafiltré, qui sert à la fabricatio­n de yogourts ou de fromage, les producteur­s américains de lait diafiltré risquent d’envahir le marché canadien. Mais l’accord prévoit un plafond (3,5 % de nos importatio­ns).

Couplé à celui prévu au traité de libreéchan­ge signé récemment avec l’Europe et l’Asie, on parle de 4 % des produits transformé­s du lait importés au pays. D’où une baisse limitée de prix du yogourt, du beurre et de certains fromages.

ET LE LAIT ?

Je n’ai rien vu, dans le texte de l’accord, qui prévoit une invasion de nos supermarch­és par les Américains. Mais comme transporte­r des camions-citernes de lait coûte très cher, il est permis de douter que le jeu en vaille la chandelle pour les producteur­s américains, qui sont déjà en situation de surproduct­ion (l’État du Wisconsin produit à lui seul plus que l’industrie canadienne au complet).

Deux litres de lait Québon se vendent 3,75 $ chez Metro. Un demi-gallon (1,89 litre) de la marque maison de Kroger se vend 1,99 $ à Burlington.

ACHATS EN LIGNE

Les voyageurs canadiens subissaien­t les droits de douane les plus élevés au monde jusqu’à hier, avec un plafond de produits détaxés de 20 $. Il passe à 150 $. Pour les escapades de 48 heures ou plus, ce seuil passe à 800 $ (auparavant 200 $ pour 24 h ou plus). Passer l’Action de grâce à New York et y acheter du linge devient soudaineme­nt plus attrayant.

Cette limite s’applique également aux achats en ligne. Mais comme les douaniers canadiens intercepte­nt très peu de colis, le consommate­ur d’ici va continuer à acheter des biens américains sans payer de douane, même si la règle veut que vous déclariez volontaire­ment au fisc canadien la valeur de vos achats. Pratiqueme­nt personne ne le fait ou ne connaît cette règle. Entre janvier et juin, le nombre de colis en provenance des États-Unis a tout de même grimpé de 30 %, signale le Conseil québécois du commerce de détail.

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