Gracié parce qu’il a oublié son meurtre ?
WASHINGTON | (AFP) L’Alabama peut-il exécuter un condamné à mort qui ne se souvient plus de son crime après plusieurs AVC ?
La Cour suprême des États-Unis s’est penchée hier sur cette question appelée à croître en raison du vieillissement des détenus qui patientent dans les couloirs de la mort.
En 1985, Vernon Madison, présentement âgé de 68 ans, avait abattu un policier venu s’interposer dans une dispute conjugale, en lui tirant deux balles dans la nuque. Après deux procès marqués par des vices de forme, il a été condamné à la peine capitale en 1994.
15 ANS D’ATTENTE
En 2015 et 2016, des accidents vasculaires cérébraux ont réduit ses facultés. Il est aujourd’hui quasiment aveugle, ne marche pas sans assistance et souffre d’incontinence. Sa mémoire est tellement abîmée qu’il ne peut plus réciter l’alphabet et réclame fréquemment des visites de sa mère, morte depuis des années.
Surtout, il ne se souvient plus de son crime ni de son procès.
Ses défenseurs estiment que l’exécuter enfreindrait le 8e amendement de la Constitution, qui interdit les punitions « cruelles ».
« Ne pas se souvenir de son crime n’est pas suffisant pour échapper à la peine de mort », a plaidé de son côté le procureur de l’Alabama, Thomas Govan. Sinon, a-t-il argué, « plus aucun détenu n’admettra de crime ».