Le Journal de Montreal

Charest veut faire réduire sa peine de moitié

L’ex-entraîneur de ski croit que la gravité de ses gestes a été exagérée

- MICHAËL NGUYEN

L’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest estime que la justice a exagéré la gravité des crimes sexuels qu’il a commis sur neuf skieuses, si bien que sa sentence devrait être réduite au moins de moitié.

« Sans pour autant nier le caractère inappropri­é du comporteme­nt reproché […], il s’agit de gestes dont la gravité se situe au bas de l’échelle. [Des] baisers représente­nt la forme la moins invasive d’une agression sexuelle », affirme Bertrand Charest dans un document déposé à la Cour d’appel du Québec.

Charest, 53 ans, avait été condamné à 12 ans de pénitencie­r en décembre dernier, pour une série d’accusation­s qui remontent aux années 90. À l’époque, il entraînait les équipes nationale junior féminine et laurentien­ne, quand il s’est mis à abuser des adolescent­es sous sa responsabi­lité.

Il a ainsi eu des relations sexuelles avec quatre d’entre elles. L’une est tombée enceinte et c’est Charest lui-même qui a amené la fille se faire avorter.

Parmi les victimes se trouve l’athlète olympique Geneviève Simard, qui avait expliqué que lors d’un voyage de ski, elle avait dormi dans un igloo pour échapper à Charest. Elle a depuis fait une sortie publique pour réclamer une meilleure protection des jeunes sportifs.

GRAVITÉ

Mais si certains des crimes sont graves, d’autres le sont toutefois moins, affirme, dans le document de cour, l’avocat Louis Belleau, qui mène le dossier avec l’avocat de première instance Antonio Cabral.

Par exemple, il cite une victime qui a reçu « un baiser rapide » sur la bouche. Une autre a reçu un « baiser langoureux ». Une ado s’est de son côté fait passer la main entre les jambes pendant qu’elle montait un escalier.

Le problème, c’est que le juge de première instance a mis tous ces crimes sur un même pied d’égalité, reprochent les avocats au dossier. Plutôt que d’être condamné à 54 mois de prison pour les crimes qu’il considère comme moins graves, Charest aurait dû écoper de 3 à 12 mois de prison, estiment les avocats. D’autant plus que les crimes remontent aux années 90 et que Charest s’est tenu tranquille pendant des années, indiquent-ils.

Ils reprochent également au juge de première instance d’avoir considéré comme un facteur aggravant l’absence de remords et le déni de responsabi­lité.

Charest avait présenté certains regrets, mais le juge avait douté de leur sincérité.

« On ne peut pas reprocher [à Charest] d’avoir présenté une défense pleine et entière et de maintenir sa version des faits », peut-on lire dans le document de cour.

La Couronne, de son côté, s’oppose à toute réduction de peine. Elle doit déposer ses arguments à la Cour d’appel dans les prochaines semaines pour qu’une date d’audience soit fixée.

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BERTRAND CHAREST Condamné

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