Un fleuriste de 66 ans a été pris pour cible
La victime liée au crime organisé s’est fait tirer trois balles au thorax samedi
L’homme atteint de trois projectiles d’arme à feu, samedi matin, dans le sud-ouest de Montréal, est un fleuriste de 66 ans connu pour son passé criminel et ses liens avec le crime organisé.
Antonio Iannacci était toujours hospitalisé dans un état grave, hier, trois jours après avoir eu le thorax transpercé de trois balles dans une ruelle près de l’intersection du boulevard Monk et de la rue Springland, dans le quartier Ville-Émard, a appris Le Journal.
Les enquêteurs des crimes majeurs du SPVM cherchent toujours à identifier le tireur suspect et de déterminer le mobile de la tentative de meurtre aux dépens de ce sexagénaire qui ne se contentait pas de cultiver paisiblement des roses.
« TU NE SAIS À QUI TU AS AFFAIRE »
« Tony » Iannacci (dont le casier judiciaire recèle des condamnations en matière de drogue, de vol et de fraude) est propriétaire du commerce Elsa fleuriste, situé sur le boulevard Monk, près duquel il s’est fait tirer dessus samedi.
En 2007, pour éviter de perdre ce commerce dans une faillite, il a demandé à un ami de lui servir de prête-nom. Ce dernier a accepté, mais deux ans plus tard, Iannacci est revenu le voir pour reprendre sa boutique de fleurs.
La victime a relaté en cour que Iannacci s’est présenté chez elle avec des hommes de main, dont un dénommé « Paulo » qui lui a réclamé 10 000 $ sur-le-champ.
« Tu ne sais pas à qui tu as affaire », avait alors renchéri Iannacci. Son « ami » avait refusé et fut frappé à la tête.
MAFIA ET GANG DE RUE
La Division du crime organisé du SPVM a établi que « Paulo » était Lamartine Sévère Paul, un membre influent des Rouges et un cousin du chef de gang de rue Ducarme Joseph.
Une perquisition aux bureaux d’un entrepreneur lié à la mafia avait permis aux enquêteurs de saisir des documents montrant que Paul travaillait « à contrat » dans le recouvrement de dettes et l’extorsion.
Coupable de harcèlement criminel, Iannacci s’en est tiré avec deux ans de prison avec sursis.
Son complice Paul a aussi été condamné, mais en août 2012, un tireur l’a assassiné à son domicile de Laval. Le caïd Ducarme Joseph a subi le même sort deux ans plus tard en 2014, dans le quartier Saint-Michel.
Selon des documents judiciaires, « Kenny » Joseph était traqué par la mafia. Le défunt parrain Vito Rizzuto, mort en 2013, aurait voulu l’avoir « vivant pour le faire souffrir » parce qu’il le soupçonnait d’avoir tué son fils Nick Rizzuto Jr en 2009.